Un deepfake ou hypertrucage en français est une technique de synthèse d'images basée sur l'intelligence artificielle (IA). Il est utilisé pour combiner et superposer des images et des vidéos existantes afin de les manipuler à l’aide de l’apprentissage automatique. C’est une technologie qui pourrait révolutionner certains secteurs d’activité, mais entre les mains des personnes malveillantes, elle représente un danger.
Différentes lois ont été votées pour réguler la technologie, mais les avis sont partagés. Récemment, un créateur de vidéo a poursuivi l'État de Californie pour une nouvelle loi qui interdit l'utilisation de "deepfake". Il avait publié une vidéo "deepfake" parodique de la vice-présidente Kamala Harris où elle disait qu'elle était "l'ultime candidate pour la diversité". La vidéo a été interdite à cause de la loi sur l'IA.
La loi sur l'IA en Californie suscite des avis partagés
En octobre 2019, l’État de Californie des États-Unis avait voté deux nouvelles lois pour lutter contre les deepfakes. Les deux lois, AB 730 et AB 602, cible des situations bien déterminées où les deepfakes sont les plus courants. La première loi rend illégale la diffusion de toute vidéo manipulée qui pourrait discréditer un candidat dans les 60 jours avant une élection et l'autre permettra aux résidents de poursuivre en justice quiconque met leur image dans du porno sans leur approbation.
Puis en août 2024, un autre projet de loi sur l'IA a été adopté en Californie par l'assemblée législative. Le projet de loi, connu sous le nom de "Safe and Secure Innovation for Frontier Artificial Intelligence Models Act", propose des mesures strictes pour garantir la sécurité des modèles d’IA avancés. Le projet de loi imposerait davantage de responsabilités, notamment des tests de sécurité et la mise en œuvre de mesures de protection. Les entreprises doivent également accepter de se soumettre à des audits par des tiers.
Mais le projet de loi a déclenché diverses réactions. Les entreprises technologiques, notamment Google, Meta et OpenAI, s'y opposent largement, arguant qu'il pourrait freiner l'innovation. Le directeur de la stratégie d'OpenAI avait notamment déclaré que le projet de loi pourrait "ralentir le rythme de l'innovation et inciter les ingénieurs et les entrepreneurs californiens de classe mondiale à quitter l'État à la recherche de meilleures opportunités ailleurs".
Elon Musk, propriétaire de la startup d'IA xAI, s'est prononcé en faveur du projet de loi, en déclarant que "tout bien considéré, je pense que la Californie devrait probablement adopter le projet de loi SB 1047 sur la sécurité de l'IA... je plaide en faveur d'une réglementation de l'IA." Pourtant, il avait partagé une vidéo manipulée imitant la voix de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris, sans indiquer explicitement qu'il s'agissait à l'origine d'une parodie. La vidéo reprenait d'anciens clips authentiques de Mme Harris, mais des experts ont confirmé qu'une grande partie de la voix a été générée par l'IA.
Le créateur de la vidéo parodique de Kamala Harris poursuit la Californie pour la loi sur les "deepfakes"
Christopher Kohls, créateur de la vidéo parodique de Kamala Harris, affirme que ses droits au premier et au quatorzième amendement ont été violés lorsque le gouverneur Gavin Newsom a promulgué la loi contre le "deepfake". Il affirme que la loi a effectivement interdit sa vidéo sur Mme Harris, qui avait suscité la controverse depuis qu'il l'avait postée pour la première fois au cours de l'été.
Le premier message de M. Kohl qualifiait la vidéo de "parodie d'annonce de campagne", ce qui la protégeait en vertu de la précédente loi californienne. Il affirme que la nouvelle loi exige une nouvelle taille de police pour l'étiquetage, qui remplirait tout l'écran de sa vidéo. Dans les documents de procédure, il a déclaré avoir le "droit constitutionnel absolu de tourner en dérision les hommes politiques dont il pense qu'ils ne devraient pas être élus".
Kohls, qui se fait appeler Mr Reagan sur X, a fait visionner la vidéo de Harris 135 millions de fois depuis qu'elle a été partagée par Elon Musk. Mais quand Musk a reposté la vidéo, il n'a pas précisé qu'il s'agissait d'une parodie, ce qui a suscité l'ire des partisans de M. Harris dans tout le pays, y compris de M. Newsom, qui a promis d'interdire ce type de vidéos.
"Le fait de leur demander d'utiliser le mot "parodie" sur la vidéo elle-même évite d'induire le public en erreur lorsque la vidéo est partagée sur la plateforme", a déclaré Izzy Gardon, porte-parole de M. Newsom. "La raison pour laquelle cet activiste conservateur poursuit la Californie n'est pas claire. Cette nouvelle loi sur la divulgation des fausses informations électorales n'est pas plus onéreuse que les lois déjà adoptées dans d'autres États, y compris l'Alabama."
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