
« Les Français nous demandent d'assurer la sécurité dans chaque territoire : sur ce point, nous allons généraliser la méthode expérimentée pendant les jeux Olympiques et Paralympiques », a-t-il annoncé.
Avec l’annonce, le dilemme de la mise en œuvre de telles approches revient sur la table. En effet, La police chinoise a mis la reconnaissance faciale à contribution en 2018 pour arrêter un fugitif. En Angleterre, il est arrivé qu’on pose des caméras avec intelligence artificielle sur les routes pour repérer les conducteurs qui jettent les ordures par les fenêtres des voitures. Un dénominateur commun se dégage dans chacun de ces cas : le dilemme de la nécessité de combattre les délits et crimes sans empiéter sur les droits fondamentaux des individus. Du coup la question revient sur la table : pour ou contre le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique ?
La fiction Big Brother résume les inconvénients de la mise en œuvre de la vidéosurveillance algorithmique
La vidéosurveillance algorithmique inspire des craintes que la fiction Big Brother de 1984 met en avant avec brio. Pour l'histoire, Big Brother est un personnage de fiction du roman Nineteen Eighty-Foure (1984) de l'écrivain anglais Georges Orwell. Big Brother est le chef de l'Océanie, un état totalitaire où le parti au pouvoir exerce un pouvoir total « pour lui-même » sur les habitants.
Dans la société décrite par Orwell, chaque citoyen est sous la surveillance constante des autorités, principalement par des « télécrans » dans les domiciles privés ; ce sont des dispositifs qui fonctionnent à la fois comme des télévisions, caméras de sécurité et microphones. Ce qui rappelle au peuple sans cesse que Big Brother les observe : « Big Brother is watching you ». L'expression Big Brother est depuis utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus. En 2024, des annonces comme celle du Premier ministre français tendent à susciter des craintes à la matérialisation de cette fiction en France.
💥MICHEL BARNIER VA GÉNÉRALISER LES CAMÉRAS À RECONNAISSANCE « ALGORITHMIQUE » (FACIALE) DANS NOS RUES 💥
— Eric Naish (@Eric_Naish) October 2, 2024
Ceux qui ne comprennent pas l’enjeu de cette annonce, qui va nous faire basculer vers un Crédit Social de type chinois, sont des inconscients.
Vous ne pourrez plus rien… pic.twitter.com/Vkcgio9XqF
Même les caméras de surveillance privées sont susceptibles d’entrer dans le collimateur de cette mesure en cours de gestation en France
Une proposition, mise en œuvre sous la forme d'un programme pilote d'un an, a permis à la police de San Francisco de surveiller les flux vidéo privés pendant une période de 24 heures dans les situations suivantes : en cas d'urgence mettant la vie en danger, pour se redéployer lors d'un événement de masse et pendant les enquêtes criminelles.
Le département de la police de San Francisco (SFPD) n'avait pas un accès permanent aux caméras, mais pouvait se brancher sur le réseau dans certaines conditions, par exemple lors d'enquêtes sur des délits, y compris des délits mineurs et des crimes contre la propriété. Le SFPD pouvait également accéder aux images des caméras privées lors d'événements publics de grande envergure, tels que des manifestations, ce, même sans soupçon qu'un crime a été commis.
C’est le type de mesure provisoire qui peut finir par virer au définitif au motif d’assurer la sécurité des populations.
La posture de la France sur le cas Clairview AI laissait pourtant croire que le pays n’irait pas dans le sens préconisé par l’actuel Premier ministre
Clearview AI est une entreprise américaine spécialisée dans la reconnaissance faciale. Elle fournit un logiciel basé sur une technologie qu'elle développe, permettant de rechercher un visage dans une base de données de plus de trois milliards d'images, obtenues via web scraping sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux. L'entreprise a fait l'objet de diverses enquêtes depuis 2020, notamment autour de la menace qu'elle fait peser sur la vie privée, suscitant plusieurs controverses.
En 2021, la France a ordonné à Clearview AI de supprimer ses données. L'organisme français de protection de la vie privée, CNIL, (Commission nationale de l'informatique et des libertés) soulignait à cette période que Clearview avait enfreint le règlement général européen sur la protection des données (RGPD). « La société CLEARVIEW AI a développé un logiciel de reconnaissance faciale dont la base de données repose sur l’aspiration de photographies et de vidéos publiquement accessibles sur internet. La présidente de la CNIL l’a mise en demeure de cesser ce traitement illicite et de supprimer les données dans un délai de 2 mois », pouvait-on lire sur le site officiel de la CNIL.
De plus en plus de pays adoptent de tels outils : la surveillance généralisée sur le modèle chinois relève-t-elle de l’inéluctable ?
Un mois avant l’arrestation d’un fugitif en 2018 à l’aide de la reconnaissance faciale, la police chinoise a commencé à tester un nouveau moyen de surveillance : les lunettes connectées. Avec ces lunettes, les policiers scannent le visage des personnes et des plaques d’immatriculation des véhicules en quête de la moindre anomalie. Les informations récoltées sont comparées en temps réel à de grosses bases de données qui retournent des alertes en cas d’anomalie. Avec cet outil de surveillance, le gouvernement chinois serait...
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