En 2024, OpenAI a annoncé "Media Manager pour que les créateurs de contenu puissent gérer l'utilisation de leurs œuvres dans l'IA". La société a promis la sortie de l'outil "d'ici 2025". Depuis, OpenAI n'a communiqué aucune information sur l'outil. De plus, l'absence d'un calendrier précis pour le lancement de l'outil questionne les créateurs et les critiques si la promesse d'OpenAI d'établir des normes industrielles était sincère ou s'il s'agissait simplement d'une déviation stratégique.
En mai 2024, OpenAI a annoncé son intention d'introduire un outil appelé "Media Manager" qui permettrait aux créateurs de contrôler la manière dont leur travail est utilisé dans les données d'entraînement de l'IA. Cette promesse a été saluée comme un pas en avant pour répondre aux préoccupations croissantes concernant les droits de propriété intellectuelle à l'ère de l'IA générative.
Le 5 décembre 2024, OpenAI a lancé un événement spécial "Shipmas" qui a duré 12 jours consécutifs. Durant cette période, l'éditeur de ChatGPT a annoncé de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux produits d'IA : notamment son générateur de vidéos par IA Sora, la fonction Vision de son Advanced Voice Mode, OpenAI a également annoncé les modèles o3 et o3-mini, sa prochaine génération de modèles de raisonnement simulé, en autre.
Ceux qui étaient impatients de tester "Media Manager" ont été également à l'affût d'une annonce concernant l'outil. Cependant, sept mois plus tard et passé l'évènement spécial de fin d'année, l'outil n'est toujours pas disponible. Cela soulève des questions quant à l'engagement de l'entreprise envers les créateurs et au respect du délai qu'elle s'est fixé pour lancer cette fonctionnalité "d'ici 2025". En l'absence d'un calendrier précis pour le lancement de l'outil, les créateurs et les critiques se demandent même si la promesse d'OpenAI d'établir des normes industrielles était sincère ou s'il s'agissait simplement d'une déviation stratégique.
OpenAI ne donne aucune information sur Media Manager
"Media Manager" d'OpenAI a été conçu comme une plateforme robuste capable d'identifier et de gérer des textes, des images, des sons et des vidéos protégés par des droits d'auteur. Il visait à refléter les préférences des créateurs à travers de multiples types de contenu, protégeant potentiellement OpenAI de contestations juridiques tout en apaisant les critiques. À l'époque, l'entreprise avait décrit cette initiative comme un effort pour "établir une norme dans l'industrie de l'IA".
Cependant, des sources citées par TechCrunch suggèrent que l'outil n'était pas prioritaire en interne. Un ancien employé d'OpenAI a déclaré : "Je ne pense pas qu'il s'agissait d'une priorité... Je ne me souviens pas que quelqu'un ait travaillé dessus". En outre, Fred von Lohmann, membre de l'équipe juridique d'OpenAI impliqué dans le développement de Media Manager, est devenu consultant à temps partiel en octobre. OpenAI a confirmé cette décision à TechCrunch, mais n'a pas donné d'informations sur l'évolution de l'outil.
L'absence de Media Manager survient alors qu'OpenAI fait face à un nombre croissant de poursuites judiciaires alléguant que ses modèles d'IA ont été entraînés sur des documents protégés par des droits d'auteur sans autorisation. Les plaignants, parmi lesquels des auteurs, des artistes visuels et des organismes de presse, affirment que les modèles de l'entreprise régurgitent des copies quasi conformes de leur travail, ce qui brouille la frontière entre l'utilisation équitable et la violation des droits d'auteur.
Media Manager se fait désirer, mais fait douter
Bien qu'OpenAI ait introduit des mesures limitées, telles qu'un formulaire de soumission permettant aux créateurs de se retirer des futurs ensembles de formation, les critiques ont qualifié ces efforts d'insuffisants. Selon TechCrunch, le processus d'exclusion pour les images, par exemple, est lourd et manque de mécanismes pour d'autres formats de médias tels que la vidéo et l'audio.
Ed Newton-Rex, fondateur de Fairly Trained, a déclaré à TechCrunch que la charge que représente l'utilisation d'outils tels que Media Manager transfère injustement la responsabilité aux créateurs. "La plupart des créateurs n'en entendront jamais parler, et l'utiliseront encore moins", a-t-il déclaré.
Même si Media Manager était lancé, les experts doutent de sa capacité à résoudre les questions juridiques plus profondes qui entourent la formation à l'IA et l'utilisation de la propriété intellectuelle. S'adressant à TechCrunch, Adrian Cyhan, avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle, a souligné les défis considérables que pose la mise au point d'un système capable de gérer des contenus à grande échelle, compte tenu notamment de la diversité et de l'évolution rapide des cadres juridiques à l'échelle mondiale.
Pour compliquer encore les choses, la loi sur le droit d'auteur n'exige pas des créateurs qu'ils préviennent proactivement les infractions, comme l'a fait remarquer Evan Everist, expert en droit d'auteur. Tout outil développé par OpenAI pourrait servir davantage de geste de relations publiques que de protection juridique significative.
Malgré cela, la position de l'entreprise sur le droit d'auteur pousse les créateurs à attendre l'outil Media Manager. En effet, OpenAI a déclaré qu’il lui est impossible de former ses modèles d’IA sans utiliser des matériaux protégés par le droit d’auteur. L'entreprise a notamment affirmé : "Limiter les données d'entraînement aux livres et dessins du domaine public créés il y a plus d'un siècle ... ne permettrait pas de fournir des systèmes d'IA répondant aux besoins des citoyens d'aujourd'hui", ajoutant : "légalement, la loi sur le droit d'auteur n'interdit pas l'entraînement".
Alors que la controverse autour de l’utilisation des matériaux protégés par le droit d’auteur par OpenAI soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre l’innovation technologique et la protection des droits des créateurs, Media Manager sera-t-il donc un outil pour une norme industrielle sincère ou simplement une déviation stratégique ?
Sources : OpenAI, TechCrunch
Et vous ?
Pensez-vous que cet outil tant attendu est crédible ou pertinent ?
Quel est votre avis sur le fait qu'OpenAI n'ai pas encore sortie "Media Manager"?
Voir aussi :
Le lanceur d'alerte d'OpenAI décédé était considéré comme un témoin dans des procès contre l'entreprise. Il détenait des « documents pertinents » démontrant les violations de droit d'auteur par OpenAI
Des "pièges à droits d'auteur" pourraient indiquer aux écrivains si une IA a récupéré leur travail. Leur travail aurait été intégré dans des modèles d'IA sans leur consentement
OpenAI accusé d'avoir tenté de tirer profit de l'inspection de ses modèles d'IA devant un tribunal en facturant des frais d'accès à son API, qui rendent le processus très onéreux pour les plaignants
Attaques d'empoisonnement spécifiques aux invites sur les modèles génératifs texte-image : Nightshade altère les données d'entraînement et permet aux artistes de lutter contre l'IA générative
OpenAI n'a pas fourni l'outil d'opt-out "Media Manager" destiné à protéger les droits des créateurs qu'elle avait promis d'ici 2025
OpenAI n'a pas fourni l'outil d'opt-out "Media Manager" destiné à protéger les droits des créateurs qu'elle avait promis d'ici 2025
Le , par Jade Emy
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !