DeepSeek est confronté à la menace d'une interdiction aux États-Unis après que des législateurs américains et des agences fédérales ont exprimé des craintes en matière sécurité. L'IA chinoise a réussi à se hisser en tête des téléchargements sur l'Apple Store et Google Play et provoqué des remous à Wall Street. Mais les législateurs font pression pour qu'elle soit interdite dans le pays et ont déjà soumis au moins une proposition de loi en ce sens. Les analystes de Jefferies estiment que DeepSeek sera probablement interdit. DeepSeek est déjà interdit totalement ou partiellement dans un certain nombre de pays, dont l'Italie, l'Australie, Taïwan et la Corée du Sud.DeepSeek confronté à la menace d'une interdiction aux États-Unis comme TikTok
DeepSeek est une startup chinoise spécialisée dans l'IA. Basée dans la ville de Hangzhou, elle a été fondée par l'entrepreneur et homme d'affaires Liang Feng en 2023. Liang Liang a également fondé le fonds spéculatif High-Flyer, d'une valeur de 7 milliards de dollars, avec deux camarades d'université en 2016. En janvier 2025, DeepSeek a lancé son dernier modèle, DeepSeek R1, un chatbot gratuit avec des performances similaires au modèle avancé o1 d'OpenAI.
Toutefois, les risques de sécurité liés à DeepSeek ont conduit à son interdiction dans plusieurs pays et il pourrait bientôt subir le même sort aux États-Unis. Les législateurs souhaitent interdire l'utilisation de l'application DeepSeek sur les appareils gouvernementaux, car ils craignent qu'elle ne collecte des données sur les utilisateurs susceptibles de compromettre la sécurité nationale. Cela rappelle notamment la mesure prise contre l'application TikTok de ByteDance.
Le représentant Josh Gottheimer (D-N.J.) a présenté la loi « No DeepSeek on Government Devices Act », qui obligerait l'Office of Management and Budget à retirer DeepSeek de la technologie fédérale dans un délai de 60 jours, avec des exceptions pour les forces de l'ordre et la sécurité nationale.
Ce projet de loi serait le premier de ce type au niveau fédéral à viser spécifiquement DeepSeek. L'année dernière, le Congrès américain a adopté une interdiction fédérale similaire pour TikTok sur les appareils gouvernementaux. TikTok est actuellement sous la menace d'une interdiction totale aux États-Unis.
Selon les analystes de la banque d'investissement américaine Jefferies, l'application DeepSeek sera très probablement interdite aux consommateurs américains. Le gouvernement fédéral, la marine et le Texas ont déjà interdit l'application, et les analystes s'attendent à des restrictions plus larges.
Les développeurs américains pourraient toujours accéder aux modèles de DeepSeek
Le fait que DeepSeek provienne de Chine a incité les décideurs politiques américains à se méfier, tout comme ils l'avaient fait pour TikTok. « Il devrait s'agir d'une évidence en termes d'actions à prendre immédiatement pour empêcher notre ennemi d'obtenir des informations de notre gouvernement », a déclaré Josh Gottheimer au Wall Street Journal. Selon eux, la Chine pourrait exiger de DeepSeek qu'il lui remette les informations personnelles des Américains.
Selon les analystes de Jefferies, bien que l'accès des consommateurs puisse être bloqué, les développeurs américains pourraient toujours être autorisés à héberger eux-mêmes les modèles d'IA de DeepSeek afin d'éliminer les risques de sécurité. Les modèles de DeepSeek sont open source et accessibles à tous.
Les préoccupations en matière de sécurité soulevées par l'IA chinoise DeepSeek
Les inquiétudes concernant la sécurité nationale se sont accrues après que l'expert en cybersécurité Ivan Tsarynny a révélé un code caché dans l'application DeepSeek qui pourrait transmettre des données à des serveurs contrôlés par le gouvernement chinois. En outre, un rapport a révélé que DeepSeek a des liens avec une entreprise de télécommunications soutenue par l'État chinois, et interdite d'activité aux États-Unis, notamment la société China Mobile.
« Le programme d'IA générative de DeepSeek acquiert les données d'utilisateurs américains et les stocke en vue d'une utilisation non identifiée par le parti communiste chinois (PCC). Nous ne pouvons en aucun cas permettre à une société soutenue par le PCC d'obtenir des données gouvernementales ou personnelles sensibles », a déclaré le député Darrin LaHood (R-Ill.), coauteur du projet de loi « No DeepSeek on Government Devices Act », dans un communiqué.
Une société de cybersécurité basée en Ontario, Feroot Security, a analysé le code de DeepSeek et a trouvé ce qui semblait être un code intentionnellement dissimulé qui enverrait des données à une page Web appelée CMPassport.com, qui s'est avérée être contrôlée par China Mobile, soutenant par Pékin.
« Il s'agit d'un signal d'alarme majeur du point de vue de la cybersécurité », a déclaré Ivan Tsarynny, PDG de Feroot Security. Le site Web de DeepSeek contiendrait un code caché qui, lorsqu'il est décodé, permet d'envoyer les données des utilisateurs directement au registre en ligne de China Mobile.
China Mobile n'a plus le droit d'opérer aux États-Unis depuis 2019. À l'époque, la Federal Communications Commission (FTC) lui a interdit l'accès aux États-Unis parce qu'elle craignait que ses pratiques de collecte de données ne causent des « dommages irréparables » à la sécurité nationale.
En 2021, la Bourse de New York a retiré China Mobile de la cote en raison de ses liens présumés avec l'armée chinoise. Wiz Research a également annoncé avoir découvert une base de données DeepSeek exposée qui laisse échapper des informations sensibles, y compris l'historique des conversations.
Quelques-uns des pays qui ont interdit l'IA chinoise DeepSeek jusqu'à présent
Les problèmes de sécurité de DeepSeek s'accumulent et plusieurs pays ont interdit l'application. Outre les États-Unis, des agences gouvernementales de plusieurs pays cherchent à interdire le logiciel d'IA à leurs employés ou adoptent des mesures en ce sens. Il s'agit notamment des pays suivants :
Corée du Sud
Un porte-parole du ministère sud-coréen du Commerce, de l'Industrie et de l'Énergie a annoncé récemment que le ministère a temporairement interdit l'utilisation de DeepSeek sur les appareils des employés, en invoquant également des problèmes de sécurité. Le gouvernement sud-coréen aurait exhorté tous les ministères et les agences à faire preuve de prudence dans l'utilisation des programmes d'IA en général disponibles, y compris ChatGPT et DeepSeek.
Cette décision fait suite à l'annonce, le 31 janvier, par la Commission de protection des informations personnelles, l'organe de surveillance de la vie privée de Séoul, d'une demande écrite à DeepSeek pour obtenir des détails sur la manière dont les informations personnelles des utilisateurs sont gérées.
Korea Hydro & Nuclear Power, qui est gérée par le gouvernement sud-coréen, a déclaré avoir bloqué l'utilisation de services d'IA sur les appareils de ses employés, y compris DeepSeek, le mois dernier. Selon les médias locaux, d'autres agences gouvernementales pourraient suivre cet exemple dans les jours à venir.
Australie
Le gouvernement australien a annoncé le 4 février 2025 qu'il a bloqué l'accès à DeepSeek sur tous les appareils gouvernementaux, en invoquant des « risques de sécurité ». Cette interdiction a été imposée à toutes les agences gouvernementales dans une déclaration faite par le secrétaire du ministère de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur, Tony Burke, a déclaré que cette interdiction visait à « protéger la sécurité nationale et l'intérêt national de l'Australie ».
Les agences sont invitées à « empêcher l'utilisation ou l'installation des produits, applications et services Web DeepSeek et, le cas échéant, de supprimer toutes les instances existantes des produits, applications et services Web DeepSeek de tous les systèmes et appareils du gouvernement australien ».
Italie
Le 30 janvier 2025, l'autorité italienne de protection des données (Garante) a annoncé qu'elle a ordonné « l'arrêt du traitement des données des utilisateurs italiens » par DeepSeek en raison du manque d'informations sur la manière dont DeepSeek pourrait utiliser les données personnelles fournies par les utilisateurs.
Deux jours auparavant, Garante avait annoncé qu'elle cherchait à obtenir des réponses sur la manière dont les données des utilisateurs étaient stockées et traitées par la startup chinoise. Une mesure similaire avait été prise contre ChatGPT d'OpenAI par le passé. L'application a ensuite été autorisée en Italie.
Taïwan
Taïwan a annoncé le lundi 3 février qu'il a...
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