
Tamay Besiroglu est un chercheur en IA connu pour ses travaux à l'intersection de l'économie et de l'informatique. Ses recherches portent sur l'économie de l'informatique, l'automatisation par l'IA et les principales tendances qui pourraient façonner le développement de systèmes d'IA avancés. Il est actuellement cofondateur et directeur associé d'Epoch AI, un institut de recherche qui étudie les tendances qui façonneront la trajectoire et la gouvernance de l'IA.
Tamay Besiroglu a également cofondé Mechanize, une startup ambitieuse visant à « créer des environnements de travail virtuels et des données d'entraînement pour permettre l'automatisation complète du travail ». Il a récemment suscité la controverse sur les réseaux sociaux et a été critiqué par ses pairs.
Le jeudi 17 avril 2025, Tamay Besiroglu a annoncé sur X (ex-Twitter) qu'il envisage de remplacer tous les humains qui travaillent par des systèmes d'IA ou des robots pilotés par l'IA. Il a déclaré que sa startup Mechanize travaillera à « l'automatisation complète de tout le travail » et à « l'automatisation complète de l'économie ». Cette idée radicale a rapidement suscité la condamnation sur la plateforme de médias sociaux, certains l'ayant qualifié de « ridicule ».
Tamay Besiroglu a même calculé la taille du marché de sa startup en agrégeant tous les salaires actuellement versés aux humains. Dans son message sur le réseau social X, le chercheur a écrit : « le potentiel du marché est absurdement grand. Les travailleurs américains sont payés environ 18 000 milliards de dollars par an au total. En ce qui concerne le monde entier, ce chiffre est plus de trois fois supérieur, soit environ 60 000 milliards de dollars par an ».
Retour de bâton sur les médias sociaux et impacts sur l'institut Epoch AI
Les plaintes portent à la fois sur la mission de la nouvelle startup de Tamay Besiroglu et sur le fait qu'elle entache la réputation de son institut de recherche très respecté Epoch AI. Un directeur d'Epoch AI a même posté sur X : « voilà exactement ce que je voulais pour mon anniversaire. Une crise de communication ». Les critiques affirment que la vision ambitieuse de Tamay Besiroglu est une idée « farfelue » qui dessert les initiatives sérieuses en matière d'IA.
I'm starting a new company: Mechanize.
— Tamay Besiroglu (@tamaybes) April 17, 2025
Mechanize will build virtual work environments, benchmarks, and training data to enable the full automation of all work.
We're hiring: hiring@mechanize.work. https://t.co/n5JOli2Ysk
Anthony Aguirre, un utilisateur de X, a répondu à l'annonce de Tamay Besiroglu en déclarant : « j'ai beaucoup de respect pour le travail des fondateurs d'Epoch, mais je suis triste de voir cela. L'automatisation de la majeure partie du travail humain est en effet un prix énorme pour les entreprises, et c'est pourquoi bon nombre des plus grandes entreprises de la planète s'y intéressent déjà. Je pense que ce sera une perte énorme pour la plupart des humains ».
Comme souligné plus haut, l'institut de recherche Epoch AI analyse l'impact économique de l'IA et produit des critères de référence pour les performances de l'IA. On pensait qu'il s'agissait d'un moyen impartial de vérifier les performances revendiquées par les fabricants de grands modèles de langage (LLM) et autres.
Ce n'est pas la première fois qu'Epoch s'engage dans une controverse. En décembre 2024, Epoch AI a révélé qu'OpenAI avait soutenu la création de son benchmark populaire « FrontierMath ». Le fabricant de ChatGPT a ensuite utilisé pour publier son nouveau modèle o3. Les utilisateurs des médias sociaux ont estimé qu'Epoch AI aurait dû être plus franc au sujet de ce partenariat. Selon les critiques, cette pratique remet en cause la fiabilité du benchmark.
Tamay Besiroglu a reconnu qu'Epoch AI avait commis « une erreur » en matière de transparence, expliquant qu'ils étaient « contractuellement limités » dans ce qu'ils pouvaient divulguer. Cette controverse a alimenté le scepticisme à l'égard de sa startup Mechanize. Il est difficile de savoir si Mechanize représente une véritable tentative de révolutionner l'économie ou s'il ne fait qu'accélérer le développement des capacités de l'IA sous une autre bannière.
Tamay Besiroglu a tenté de redéfinir ses ambitions à la suite des critiques
Dans une interview accordée à Techcrunch à la suite de la controverse sur X, Tamay Besiroglu a précisé que « l'objectif immédiat de Mechanize est en effet le travail en col blanc » plutôt que les emplois manuels qui nécessiteraient la robotique. Tamay Besiroglu répond également à ses critiques an déclarant que « le fait de confier tout le travail à des agents enrichira les humains, au lieu de les appauvrir, notamment grâce à une croissance économique explosive ».
Yay just what I wanted for my bday: a comms crisis
— Jaime Sevilla (@Jsevillamol) April 18, 2025
« L'automatisation complète du travail pourrait générer une vaste abondance, des niveaux de vie bien plus élevés et de nouveaux biens et services que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd'hui », a-t-il déclaré. Plusieurs experts s'attendent à ce que l'IA ajoute des milliers de dollars à l'économie mondiale à l'avenir.
En mars 2023, Bank of America a publié un rapport selon lequel l'IA stimulera l'économie mondiale d'environ 15 700 milliards de dollars d'ici à 2030. Dans son rapport, Bank of America explique que l'IA est à l'aube d'une révolution qui pourrait avoir les mêmes effets que le lancement d'Internet. Cependant, de nombreux chercheurs doutent que ces richesses profitent à tout le monde et craignent que l'IA n'exacerbe les inégalités sociales et économiques existantes.
La perspective optimiste évoquée par Tamay Besiroglu ne tient pas compte d'un fait fondamental : si les humains n'ont pas d'emploi, ils n'auront pas les revenus nécessaires pour acheter tout ce que les agents d'IA produisent. Néanmoins, Tamay Besiroglu estime que les salaires des humains dans un tel monde automatisé par l'IA devraient en fait augmenter, car ces travailleurs sont « plus précieux » dans les rôles complémentaires que l'IA ne peut pas remplir.
Mais n'oublions pas que l'objectif est que les agents d'IA fassent tout le travail. Interrogé à ce sujet, Tamay Besiroglu a expliqué : « même dans les scénarios où les salaires pourraient diminuer, le bien-être économique n'est pas uniquement déterminé par les salaires. Les gens reçoivent généralement des revenus provenant d'autres sources, telles que les loyers, les dividendes et les aides publiques ». Cette déclaration ne fait que rendre sa vision encore plus floue.
Dans le scénario que décrit Tamay Besiroglu, nous pourrions tous gagner notre vie grâce aux actions ou à l'immobilier. À défaut, il y aura toujours l'aide sociale, si les agents d'IA qui travaillent dans les usines et les entreprises paient des impôts. « C'est une idée complètement absurde », a déclaré un critique.
L'IA est limitée et peine à tenir ses promesses en matière de productivité
Une étude publiée par Google en avril 2024 a conclu que les capacités actuelles de l'IA sont exagérées et que « la technologie est encore loin de pouvoir remplacer une bonne partie de la main-d'œuvre mondiale comme certains veulent le faire croire ». Le rapport insiste sur le fait que cela ne devrait pas changer à court terme en raison des limites de l'IA. Selon Google, les craintes de voir l'IA tuer la demande de main-d'œuvre sont probablement exagérées.
Google indique que l'IA n'est pas encore en mesure d'effectuer de manière fiable un travail en plusieurs étapes qui impliquent de la...
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