
En 2024, Grid Strategies a rapporté que les prévisions de croissance sur neuf ans des besoins énergiques pour l'Amérique du Nord ont pratiquement doublé par rapport à l'année précédente en raison de l'expansion rapide des centres de données pour l'IA. Aux États-Unis, la demande croissante en IA se heurte à un réseau électrique fragile, un goulot d'étranglement extrême qui, selon Goldman Sachs, pourrait sérieusement freiner la croissance du secteur.
Dans le même temps, en Chine, la question de la construction d'une puissance énergétique suffisante pour les centres de données ne fait plus débat. « Ce problème est considéré comme résolu », a déclaré Rui Ma, experte en technologie chinoise et fondatrice de la société de médias Tech Buzz China.
« Partout où nous sommes allés, les gens considéraient la disponibilité de l'énergie comme acquise. Cela contraste fortement avec les États-Unis, où la croissance de l'IA est de plus en plus liée aux débats sur la consommation électrique des centres de données et les limites du réseau », a écrit Rui Ma sur dans un billet sur X (ex-Twitter) après son retour d'une récente tournée des pôles d'IA en Chine. Les enjeux sont difficiles à surestimer dans ce contexte.
Aux États-Unis, le manque de capacité énergétique est tel que les géants américains de la course à l'IA se lancent à la recherche de solution miracle. De nombreux Big Tech américains misent sur les petits réacteurs nucléaires modulaires (small modular reactors - SMR) pour alimenter leurs centres de données énergivores. Cependant, cette technologie n'a pas encore fait ses preuves. La société xAI d'Elon Musk utilise une source d'énergie très polluante.
Une surcapacité énergétique qui avantage la Chine dans la course à l'IA
David Fishman, un expert chinois en électricité qui suit depuis des années le développement énergétique du pays, a déclaré qu'en Chine, l'électricité n'est même pas un problème. En moyenne, la Chine ajouterait chaque année une demande en électricité supérieure à la consommation annuelle totale de l'Allemagne. Des provinces rurales entières sont recouvertes de panneaux solaires, une province à elle seule fournissant autant d'électricité que l'Inde.
Le contraste avec les États-Unis, siège de la Silicon Valley, est saisissant. Selon une enquête sectorielle menée par Deloitte, le facteur limitant évident du développement des infrastructures des centres de données aux États-Unis est la pression exercée sur le réseau électrique. Les réseaux électriques des villes sont si faibles que certaines entreprises préfèrent construire leurs propres centrales électriques plutôt que de dépendre des réseaux existants.
Selon David Fishman, la domination discrète de la Chine dans le domaine de l'électricité est le résultat de décennies de surconstruction délibérée et d'investissements dans tous les domaines du secteur de l'énergie, de la production à la transmission en passant par le nucléaire de nouvelle génération.
La marge de réserve de la Chine n'est jamais descendue en dessous de 80 % à 100 % à l'échelle nationale, ce qui signifie qu'elle a toujours maintenu au moins deux fois la capacité dont elle a besoin. « La Chine dispose d'un espace disponible tellement important qu'au lieu de considérer les centres de données comme une menace pour la stabilité du réseau, elle les traite comme un moyen pratique d'absorber l'offre excédentaire », selon David Fishman.
Selon l'expert en électricité, un tel niveau de marge est inimaginable aux États-Unis, où les réseaux régionaux fonctionnent généralement avec une marge de réserve de 15 %, voire moins, en particulier lors de conditions météorologiques extrêmes. L'appétit énergétique de l'IA a provoqué une ruée vers l'énergie nucléaire aux États-Unis, obligeant Amazon, Oracle, Microsoft, etc. à prendre des participations dans les fournisseurs de technologies SMR.
Impacts de l'appétit énergétique de l'IA générative sur le grand public
Le public est de plus en plus frustré par l'augmentation des factures d'énergie. Dans l'Ohio, la facture d'électricité d'un ménage type a augmenté d'au moins 15 dollars par mois cet été à cause des centres de données, tandis que les entreprises énergétiques se préparent à un changement radical de la demande en forte hausse. En outre, la relance de vieilles centrales électriques et les sources d'énergie polluantes exposent le public à de nombreux risques.
En juillet 2025, la startup xAI d'Elon Musk a obtenu un permis d'émission atmosphérique à Memphis. Le centre de données qui abrite le supercalculateur Colossus de xAI est autorisé à exploiter 15 turbines à méthane. Le permis impose à xAI le respect d'une série de règles visant à minimiser la pollution et l'installation d'équipements de contrôle de dernière génération, mais la décision suscite l'indignation du public et des responsables environnementaux.
Ces derniers affirment que les générateurs qui alimentent le supercalculateur de Colossus de xAI polluent leurs quartiers. Selon les plaintes des communautés locales, l'installation de xAI libère une panoplie de gaz toxiques pour l'homme, dont le formaldéhyde, un agent cancérigène connu. Certaines entreprises se précipitent pour relancer les vieilles centrales à charbon pour répondre aux besoins de l'IA, accentuant ainsi les niveaux de pollution.
De plus, certains centres de données nécessitent d'énormes quantités d'eau pour refroidir les serveurs, ce qui accroit la pression sur les sources d'eau et pollue les nappes phréatiques. Lors des journées chaudes, un seul centre de données peut utiliser des millions de litres d'eau. Selon une étude, les centres de données pour l'IA pourraient consommer une quantité d'eau phénoménale d'ici à 2027, soit environ 6 435 milliards de litres d’eau dans le monde.
Selon les observateurs, peu d'endroits illustrent cette tension aussi clairement que la Géorgie, l'un des marchés des centres de données qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis et dans le monde. Les centres de données sont accusés de polluer les nappes phréatiques dans les zones rurales de l'État.
Les experts conseillent de se préparer à l'éclatement de la bulle de l'IA
Torsten Slok, l'influent économiste en chef d'Apollo Global Management, une importante société d'investissement internationale, affirme que « la bulle actuelle du marché de l'IA est encore plus étendue que la frénésie des dotcoms de la fin des années 1990 ». Selon une récente note écrite par l'économiste, les dix principales actions du secteur de l'IA sont beaucoup plus éloignées de la réalité que ne l'étaient les titans de la technologie dans les années 1990.
Son graphique est un avertissement brutal que l'histoire est sur le point de se répéter. L'économiste James Ferguson a averti que l'éclatement de la bulle pourrait se solder par un désastre. Erik Gordon, professeur d'entrepreneuriat qui mène des recherches sur les marchés financiers et la technologie à la Ross School of Business de l'université du Michigan, a précédemment qualifié le boom de l'IA de « bulle spéculative d'un ordre de grandeur supérieur ».
Sam Altman a récemment admis que l'industrie de l'IA est en proie à une grosse bulle spéculative. Il a ajouté que de nombreuses personnes perdront des sommes d'argent phénoménales. C'est un aveu important de la part de celui-là même qui a contribué à gonfler cette bulle et qui continue à le faire.
Le marché a réagi par la baisse à la sortie de Sam...
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