
Qui peignent une réalité opposée au battage médiatique sur l’IA
Les discussions continuent de battre leur plein à propos de l’intelligence artificielle dans le domaine du génie logiciel. Un sujet central : son impact dans la filière. La technologie divise. Linus Torvalds la considère comme un outil qui n’a rien de révolutionnaire en comparaison aux compilateurs. Il rejoint Bill Gates qui est d’avis que l’intelligence artificielle servira d’outil pour améliorer la productivité des tiers qui s’en servent. Ces sorties se trouvent néanmoins être en contradiction avec celles de plusieurs acteurs du domaine qui laissent penser que l’intelligence artificielle a même déjà pris le pouvoir dans la filière.
Beaucoup des clients d’Harsh Kumar, développeur web et d'applications basé en Inde, affirment avoir déjà investi une grande partie de leur budget dans des outils de « vibe coding » qui n'ont pas donné les résultats escomptés. Ils finissent ainsi par se rendre compte que dépenser de l'argent pour un développeur humain en vaut la peine, car cela leur évite les maux de tête liés à la tentative de faire réparer le « code merdique » généré par une intelligence artificielle. Kumar explique que ses clients lui apportent souvent des sites web ou des applications générées par une intelligence et qui se sont avérés instables ou totalement inutilisables.
En d’autres termes, « le développeur reste l'expert, qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'intelligence artificielle correspond bien à l'intention du développeur », comme le souligne le CEO de GitHub. Grosso modo, l’intelligence artificielle est à un stade d’évolution tel qu’elle ne saurait servir de raccourci à des personnes qui pensent ne plus avoir à faire usage de leur créativité ou de leur esprit critique.
Même Google le confirme lors de l’annonce selon laquelle son IA Bard peut désormais aider à coder et à créer des fonctions pour Google Sheets : « Bard est encore au stade expérimental et peut parfois fournir des informations inexactes, trompeuses ou fausses tout en les présentant avec assurance. En ce qui concerne le codage, Bard peut vous générer du code qui ne produit pas le résultat escompté, ou vous fournir un code qui n'est pas optimal ou incomplet. Vérifiez toujours les réponses de Bard et testez et examinez soigneusement le code pour détecter les erreurs, les bogues et les vulnérabilités avant de vous y fier. »
Aaron Levie says the future of work has flipped.
— vitrupo (@vitrupo) July 15, 2025
We thought AI would fix our mistakes.
Now it makes the first draft. We QA what comes back.
“The human's job is to fix the AI errors, and that's the new way we are going to work.” pic.twitter.com/xj504JPV3k
Le cas René Turcios semble cependant suggérer qu’une formation classique en développement d’applications n’est plus nécessaire pour se positionner comme intervenant dans le domaine.
Lors de son tout premier hackathon, il a conçu un programme qui transformait des chansons en version lo-fi simplement en décrivant son concept à une IA, sans écrire la moindre ligne de code. Depuis, il reproduit cette approche en enchaînant les hackathons et en présentant des projets entièrement générés par l’IA. Au fil des ans, René Turcios a remporté divers prix : de l'argent, des crédits logiciels et une véritable aura dans la communauté technologique.
« Rene est le premier véritable vibe codeur », a déclare RJ Moscardon, un hacker qui a vu René Turcios remporter la deuxième place lors de son tout premier hackathon au manoir AGI House à Hillsborough. « Tous les ingénieurs titulaires de diplômes prestigieux se sont d'abord moqués de lui. Mais maintenant, ils font tous exactement la même chose ». Satya Nadella, PDG de Microsoft, a déclaré que 30 % du code de l'entreprise est maintenant généré par l'IA.
Au lieu de coder frénétiquement jusqu'à la date limite, il a terminé ses projets des heures à l'avance en laissant l'IA faire le travail technique à sa place. « Je n'ai pas écrit une seule ligne de code », a-t-il déclaré à propos de son premier hackathon. Lorsque les organisateurs ont annoncé que Turcios avait remporté la deuxième place, il a poussé un cri de joie : « j'ai réalisé que je pouvais rivaliser avec des gens qui ont des diplômes et des emplois prestigieux ».
Rene Turcios est désormais connu pour sa capacité à créer rapidement n'importe quoi. Les entreprises font appel à lui pour lui confier des projets qui prendraient des semaines à des équipes d'ingénieurs logiciels, et il les réalise en quelques heures. Il a même commencé à animer des ateliers pour enseigner à des groupes non techniques et à des ingénieurs logiciels expérimentés comment tirer le meilleur parti des assistants d'IA dans les tâches de codage.
« Tout le monde peut construire ce qu'il veut », affirme Rene Turcios. Il a récemment réduit son programme prolifique de hackathon pour se concentrer sur la création de sa propre startup d'agents d'IA. Il n'a pas embauché d'ingénieurs ; il est le seul fondateur et l'IA se charge de tout le codage. Rene Turcios utilise l'environnement de développement en ligne Replit. Replit permet de créer des logiciels à l'aide l'IA grâce à une plateforme appelée Agent.
Dans la communauté technologique, cette réussite atypique ne fait pas l’unanimité.
Certains commentateurs considèrent que Rene Turcios incarne la prochaine étape de l’innovation, où l’humain collabore avec l'IA pour accélérer la production logicielle. Dans le même temps, d'autres critiques voient en René Turcios le symbole d’un détournement de l’esprit des hackathons, autrefois fondés sur l'ingéniosité, la créativité et les compétences techniques humaines.
En utilisant massivement l’IA pour générer du code plus rapidement, René Turcios donnerait l’impression de « tricher » ou du moins de contourner l’exigence fondamentale de la maîtrise technique. Ce point de vue alimente un sentiment de frustration chez des programmeurs professionnels qui travaillent dur pour perfectionner leurs compétences, et qui se voient dépasser par quelqu’un qui délègue entièrement le travail technique à une machine.
« La génération de code par l'IA, c'est très bien pour le prototypage : on ne cherche pas à faire correctement, mais à faire un truc qui ressemble à ce qu'on veut. Quelque chose qui ne sera jamais aussi développpé, ni aussi performant ou sécurisé que la prod le nécessite. Les entretiens, les hackatons, les coding game, tous ces trucs de fast coding sont des activités de prototyping, donc évidemment que l'IA excelle là-dedans. Maintenant prend ton bout de code "viber" en une semaine, et fais-en la maintenance et l'évolution pendant ne serait-ce que 1 an. Une fois la limite de contexte de l'IA atteinte, elle ne pourra pas faire autrement que de faire de plus en plus d'approximations et d'erreurs, car incapable de tout prendre en compte. Sans compter les illusions qui tomberont statistiquement un jour ou l'autre.
Un développeur pro qui se respecte, il ne se contente pas de faire des prototypes. Il fait du logiciel performant et maintenable sur le long terme. L'IA générative -et le vibe codeur avec elle- en est incapable. À voir ce que Yann Lecun nous sortira, mais avec du LLM, même agentique, la complexité devient telle que pour déléguer son travail à l'IA il faut forcément avoir les compétences techniques pour savoir quoi lui demander », commente un membre de developpez.com.
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