
Et déclare que cette technologie est « une coquille vide et froide qui causera un grand tort à l'humanité ».
Le pape Léon XIV rejette l'idée de créer une version IA de lui-même à l’intention des catholiques du monde entier désireux d'avoir une audience virtuelle avec lui, sans avoir à se rendre au Vatican. Bien qu'il soit le premier pape originaire des États-Unis, berceau de la Silicon Valley, le dernier souverain pontife n'est pas enthousiasmé par l'idée de ce qu'il décrivait comme un « moi artificiel ». Son positionnement vient en opposition à celui de diverses obédiences religieuses dans lesquelles on assiste de plus en plus à l’apparition d’intelligences artificielles en lieu et place d’humains.
Pope Leo XIV revealed in his first interview since being elected pontiff that it’s going to be “very difficult to discover the presence of God” in artificial intelligence, noting that he recently refused a proposal to create an avatar of himself. https://t.co/kboKijGQhV
— Catholic News Agency (@cnalive) September 22, 2025
Le phénomène touche à un large spectre d’obédiences religieuses. Même les temples bouddhistes sont concernés
En effet, lors de la commémoration des 500 ans de la Réforme protestante, une église en Allemagne a dévoilé un robot prêtre capable de bénir les fidèles en 5 langues différentes. Le robot se nomme BlessU-2 (entendez « je te bénis aussi ») et est doté d’une tête, de deux bras ainsi que d’un écran au centre de son torse, peut lire des passages de la Bible en allemand, anglais, français, espagnol et polonais avec au choix une voix d’homme ou de femme. Le robot sait aussi émettre des signaux lumineux du genre qui caractérisent les atmosphères chargées d’une grosse dose de spiritualité.
« Puis-je vous bénir ? Quelle est votre préférence : être béni par une voix d’homme ou celle d’une femme ? De quelle bénédiction avez-vous besoin ? » font partie des questions que ce dernier pose aux fidèles lors de leurs échanges.
L’église protestante de la province Hesse-Nassau expérimentait pour lancer un débat : celui de savoir s’il est absolument nécessaire que les humains seuls prononcent des bénédictions. L’initiative visait aussi à amener le public à envisager la perspective d’en recevoir d’un robot prêtre. Grosso modo, l’idée était d’évaluer l’apport de la technologie au monde religieux.
Il y a des lieux où l’on ne s’attend pas à trouver un robot. Les temples bouddhistes en font partie. Pourtant, des nouvelles selon lesquelles la région de Kyoto fait des expériences avec un robot prêtre ont fait surface en 2017. Mindar (le produit d’un partenariat avec une équipe de recherche de l’université d’Osaka) officie au Kodai-ji, qui est à la fois un temple bouddhiste vieux de 400 ans et une école du bouddhisme zen. Comme les autres membres du clergé, le robot est en mesure de délivrer des sermons religieux et d'interagir avec les croyants. Pourtant, tous les traits robotiques de la machine qui a coûté un million de dollars sont visibles : c’est un mélange d'aluminium et de silicone ; seuls son visage, la région de son cou et ses mains sont recouverts de silicone, le reste ne dissimule rien de sa constitution mécanique.
Tensho Goto, l’intendant en chef dudit temple est catégorique : l’apport de la robotique et de l’intelligence artificielle est indéniable. « Ce robot ne mourra jamais. Il continuera de se mettre à jour et d'évoluer. Avec l'intelligence artificielle, nous espérons qu'il gagnera en sagesse, afin d'aider le public à affronter leurs troubles les plus terribles. Cette initiative est en train de changer le bouddhisme », souligne-t-il. En effet, l’une des idées derrière l’adoption de Mindar est d’user des outils de ce temps pour intéresser les jeunes générations japonaises très déconnectées de tout ce qui est religieux.
Le pape Leon s’inscrit dans la continuité du Pape François qui voyait l’ombre du mal en l’intelligence artificielle
Le 09 aout 2023, le pape François a publié un communiqué annonçant le thème de la Journée mondiale de la paix 2024 : "Intelligence artificielle et paix". Dans le communiqué, le bureau du pape François a appelé à "un dialogue ouvert sur la signification de ces nouvelles technologies, dotées de possibilités perturbatrices et d'effets ambivalents". Faisant écho à des sentiments éthiques communs liés à l'IA, il a déclaré que la société devait être vigilante à l'égard de la technologie afin "qu'une logique de violence et de discrimination ne s'enracine pas dans la production et l'utilisation de ces dispositifs, aux dépens des plus fragiles et des exclus".
Le 28 janvier 2025, le Vatican a appelé les gouvernements à surveiller de près le développement de l'intelligence artificielle (IA), avertissant que la technologie contenait "l'ombre du mal" dans sa capacité à diffuser des informations erronées.
"Les faux médias générés par l'IA peuvent progressivement ébranler les fondements de la société", indique un nouveau texte sur l'éthique de l'IA, rédigé par deux départements du Vatican et approuvé par le pape François. "Cette question nécessite une réglementation rigoureuse, car la désinformation - en particulier par le biais de médias contrôlés ou influencés par l'IA - peut se répandre involontairement, alimentant la polarisation politique et les troubles sociaux", précise le texte.
Le pape François, chef de l'Église catholique qui compte 1,4 milliard de membres depuis 2013, a attiré l'attention sur les questions éthiques liées à l'IA ces dernières années. La semaine du 20 janvier, il a envoyé un message sur l'IA au Forum économique mondial de Davos, avertissant les dirigeants politiques, économiques et commerciaux présents que la technologie soulevait des "préoccupations critiques" quant à l'avenir de l'humanité.
Le pape a également parlé de la technologie lors du sommet du Groupe des Sept en Italie en juin 2024, et a déclaré que les gens ne devraient pas laisser les algorithmes décider de leur destin.
Le document du Vatican, intitulé "Antica et nova" (ancien et nouveau), examine les conséquences de l'IA dans une série de secteurs, notamment le marché du travail, les soins de santé et l'éducation. "Comme dans tous les domaines où les humains sont appelés à prendre des décisions, l'ombre du mal plane ici aussi", indique le document. "L'évaluation morale de cette technologie devra tenir compte de la manière dont elle est dirigée et utilisée."
Les IA prêtres ont déjà fait leur entrée dans les lieux de culte depuis un moment déjà. C’était le cas de "Father Justin", l’IA prêtre lancée par le groupe Catholic Answers comme moyen novateur de diffuser l’évangile. Mais une utilisatrice de l’IA a été étonnée de recevoir l’absolution sacramentelle de ce dernier, ce qui a poussé Catholic Answers à le mettre à l’écart.
Malgré les déboires de ce genre, les tentatives d’introduction de l'IA dans les lieux de culte continuent. Ainsi, le document du Vatican rappelle une des réalités de l’intelligence artificielle actuelle : elle reste un outil qui appelle à la règlementation.
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