
L’essentiel des dépenses d’OpenAI reste concentré sur la recherche et développement. Rien qu’au cours de ces six premiers mois de 2025, 6,7 milliards de dollars ont été investis dans l’entraînement de modèles toujours plus performants, dans la mise en place de nouvelles architectures logicielles et dans l’exploration de solutions matérielles propriétaires.
Cet effort est indispensable dans un secteur où la concurrence est féroce : Google DeepMind, Anthropic, Mistral ou encore xAI multiplient les annonces et avancent à vive allure. Pour conserver une longueur d’avance, OpenAI doit injecter sans relâche des milliards dans ses infrastructures de calcul, l’acquisition de GPU de dernière génération, et désormais la conception de ses propres puces via des discussions avec Broadcom.
Mais cette stratégie s’accompagne d’un effet pervers : plus les modèles sont grands, plus leur entraînement devient coûteux, avec une consommation énergétique et matérielle exponentielle.
Un marketing XXL pour imposer la marque
Si la R&D absorbe l’essentiel des ressources, le marketing n’est pas en reste. OpenAI a dépensé environ 2 milliards de dollars en marketing et ventes sur le semestre, soit presque autant que ce que certaines multinationales dépensent en une année entière.
L’objectif est clair : imposer la marque ChatGPT comme un standard grand public et OpenAI comme le fournisseur de référence pour les API d’IA dans le monde professionnel. Cela passe par des campagnes massives, mais aussi par la construction d’un réseau commercial capable de séduire les grandes entreprises et administrations.
Cette stratégie d’occupation du terrain vise à saturer l’espace de marché avant que des concurrents plus agiles (ou plus abordables) ne puissent capter des parts significatives.
Stock options et coûts cachés
Un autre poste de dépense pèse lourd : la compensation en actions, qui atteint environ 2,5 milliards de dollars au cours du semestre. Ces attributions massives de stock options permettent de recruter et fidéliser les meilleurs talents, mais gonflent artificiellement les pertes comptables.
À cela s’ajoutent des charges non monétaires comme la réévaluation d’instruments financiers convertibles, qui contribuent à alourdir les pertes déclarées sans refléter entièrement une sortie de trésorerie.
Une trésorerie encore solide, mais une fuite en avant
Malgré ces pertes vertigineuses, la situation de trésorerie d’OpenAI n’est pas encore alarmante. Au 30 juin 2025, l’entreprise disposait de 17,5 milliards de dollars de liquidités et titres négociables. Le « cash burn » réel est estimé à 2,5 milliards sur le semestre, un rythme soutenu mais soutenable à court terme.
Cependant, pour financer ses ambitions — infrastructure, puces propriétaires, expansion internationale — OpenAI envisage de lever jusqu’à 30 milliards de dollars supplémentaires. Une levée d’une telle ampleur renforcerait certes ses capacités, mais pose la question de la soutenabilité d’un modèle où la croissance repose sur une injection constante de capitaux extérieurs.
Pour diminuer les coûts, OpenAI prévoit de lancer la production en série de sa propre puce IA personnalisée l'année prochaine.
En effet, en février, un rapport a révélé qu'OpenAI aurait conclu un partenariat avec le rival de Samsung, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC), pour développer sa première génération de puces d'intelligence artificielle (IA) en interne. Selon le rapport, l'entreprise technologique s'efforce de réduire sa dépendance à l'égard de Nvidia et devrait finaliser la conception de son silicium dans les mois à venir.
Un nouveau rapport vient de révéler qu'OpenAI prévoit de lancer la production en série de sa propre puce IA personnalisée l'année prochaine. Ces puces, fruit d'une collaboration avec Broadcom, seront utilisées en interne par OpenAI, plutôt que d'être mises à la disposition de clients externes.
Cette information a été révélée après que le PDG de Broadcom, Hock Tan, ait déclaré aux analystes, le jeudi 4 septembre, que la société avait trouvé un quatrième client pour son activité de puces IA, qui s'était engagé à passer des commandes pour un montant de 10 milliards de dollars. Tan n'a pas nommé le client, mais un rapport qui cite des personnes proches du dossier a confirmé qu'il s'agissait d'OpenAI.
Microsoft, partenaire et bénéficiaire
Le partenariat avec Microsoft, vital pour OpenAI, est à double tranchant. Grâce à Azure, OpenAI bénéficie d’une puissance de calcul colossale et d’un relais commercial mondial. Mais en contrepartie, l’entreprise doit reverser environ 20 % de ses revenus à Microsoft.
Ce partage de revenus limite les marges disponibles et prolonge la dépendance d’OpenAI à son allié. Certains analystes estiment néanmoins que cette redevance pourrait diminuer dans les années à venir, offrant à OpenAI une plus grande latitude financière.
La pression de la concurrence
Alors qu’OpenAI brûle des milliards pour rester leader, le paysage concurrentiel se transforme. Des acteurs comme Anthropic, soutenu par Amazon et Google, ou encore Mistral, qui prône une approche open source, avancent rapidement avec des modèles plus spécialisés, parfois plus efficaces énergétiquement.
De nombreux gouvernements et entreprises développent également leurs propres modèles locaux, ce qui fragilise le « moat » technologique qu’OpenAI espérait bâtir.
Le risque est que la stratégie d’hyper-investissement d’OpenAI se heurte à des concurrents capables de proposer des alternatives moins coûteuses et plus adaptées à des usages ciblés.
Une valorisation sous pression
La valorisation d’OpenAI est désormais estimée à près de 500 milliards de dollars, une hauteur vertigineuse qui reflète autant les attentes que les risques. Si les investisseurs tolèrent des pertes massives à court terme, c’est dans l’espoir de voir émerger une rentabilité monumentale à moyen terme. Mais une telle trajectoire exige que l’entreprise parvienne à convertir son avance technologique en marges nettes substantielles. Faute de quoi, la « bulle » pourrait éclater plus tôt que prévu, et l’IA générative risquerait de se retrouver face à un scénario de désillusion comparable à d’autres cycles technologiques passés.
Les employés actuels et anciens d'OpenAI ont vendu pour 6,6 milliards de dollars d'actions à un groupe d'investisseurs, portant la valorisation de cette société privée spécialisée dans l'intelligence artificielle à 500 milliards de dollars, selon une source proche du dossier qui n'était pas autorisée à en parler publiquement. Parmi les investisseurs qui ont acheté les actions figuraient Thrive Capital, Dragoneer Investment Group et T. Rowe Price, ainsi que le géant japonais de la technologie SoftBank et MGX des Émirats arabes unis, a déclaré jeudi la source.
Cette valorisation reflète les attentes élevées concernant l'avenir de la technologie IA et s'inscrit dans la continuité de la trajectoire remarquable d'OpenAI depuis ses débuts en tant que laboratoire de recherche à but non lucratif en 2015.
Mais comme cette entreprise basée à San Francisco n'est pas encore rentable, cela pourrait également amplifier les inquiétudes concernant une bulle spéculative autour de l'IA si les produits d'IA générative développés par OpenAI et ses concurrents ne répondent pas aux attentes des investisseurs qui injectent des milliards de dollars dans la recherche et le développement.
Le PDG d'OpenAI, Sam Altman, a cherché à dissiper ces inquiétudes, tout récemment encore la semaine dernière, lors de sa visite d'un immense complexe de centres de données en cours de construction à Abilene, au Texas, destiné à faire fonctionner les systèmes d'IA de l'entreprise.
« Entre les dix années que nous avons déjà passées en activité et les nombreuses décennies qui nous attendent, il y aura des hauts et des bas »,...
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