Ces derniers mois, en portant un masque en Chine, les populations cherchent à se protéger du coronavirus, mais empêchent par la même occasion la plupart des systèmes de reconnaissance faciale d’être plus efficaces. Mais dans un article publié en février dernier, le quotidien South China Morning Post a écrit que le port d'un masque n'empêcherait plus la reconnaissance faciale. Dans une nouvelle publication de Reuters ce lundi, une entreprise chinoise affirme avoir mis au point la première technologie de reconnaissance faciale du pays qui permet d'identifier les personnes lorsqu'elles portent un masque.
La Chine utilise certains des systèmes de surveillance électronique les plus sophistiqués au monde, dont les caméras munies des technologies de reconnaissance faciale. Mais le coronavirus, qui est apparu dans la province de Hubei à la fin de l'année dernière, a fait que presque tout le monde porte un masque chirurgical à l'extérieur dans l'espoir de ne pas contracter le virus - ce qui pose un problème particulier pour la surveillance. Mais une solution serait trouvée à cette situation. La société Hanwang Technology Ltd, basée à Pékin, a déclaré avoir mis au point une technologie capable de reconnaître les personnes même lorsqu'elles portent un masque.
L'entreprise, appelée également en anglais Hanvon, a déclaré à Reuters qu'une équipe de 20 personnes a utilisé une technologie de base développée au cours des 10 dernières années – une base de données d'échantillons d'environ 6 millions de visages non masqués et une base de données beaucoup plus petite de visages masqués –, pour développer la technologie. Selon Reuters, l'équipe a commencé à travailler sur le système en janvier, alors que l'épidémie de coronavirus s'intensifiait, et a commencé à le mettre sur le marché après seulement un mois.
« Si elle est connectée à un capteur de température, elle peut mesurer la température du corps tout en identifiant le nom de la personne, puis le système traiterait le résultat, disons, s'il détecte une température supérieure à 38 degrés », a déclaré Huang Lei, vice-président de Hanwang, lors d'une interview accordée à Reuters.
Selon Reuters, Hanwang vend deux principaux types de produits qui utilisent sa technologie de reconnaissance faciale. L'un d'entre eux effectue une reconnaissance "à canal unique" qui est utilisée au mieux, par exemple, aux entrées des immeubles de bureaux. Tandis que l'autre produit, plus puissant, est un système de reconnaissance "multicanal" qui utilise « plusieurs caméras de surveillance », d’après Reuters.
Il peut identifier tout le monde dans une foule de jusqu'à 30 personnes « en une seconde », explique M. Huang. « Lorsque l'on porte un masque, le taux de reconnaissance peut atteindre environ 95 %, ce qui permet d'identifier la plupart des personnes », a précisé M. Huang, ajoutant que le taux de réussite pour les personnes sans masque est d'environ 99,5 %.
Selon le rapport de février du South China Morning Post, en raison de la pire urgence sanitaire que Pékin connait ces derniers mois, SenseTime, le champion chinois de l'IA, a aussi adapté son produit de reconnaissance faciale pour identifier les personnes portant ces masques. D’après le quotidien chinois, cette nouvelle technologie est déjà déployée en Chine. SenseTime a expliqué dans une annonce, selon le quotidien, que son algorithme de détection des masques faciaux est conçu pour lire 240 points clés des caractéristiques faciales autour des yeux, de la bouche et du nez. Mais il peut établir une correspondance en utilisant uniquement les parties du visage qui sont visibles.
La technologie de Hanwang identifie difficilement un sujet qui porte à la fois un masque et des lunettes de soleil
Selon Reuters, l’un des clients importants de Hanwang est, sans surprise, le ministère de la Sécurité publique, qui dirige la police. Huang Lei a déclaré à Reuters que grâce à la technologie de Hanwang, le ministère peut recouper les images avec sa propre base de données de noms et d'autres informations, puis identifier et suivre les personnes dans leurs déplacements. « Il peut détecter les suspects de crime, les terroristes ou faire des rapports ou des avertissements », a-t-il dit à Reuters.
« À l'ère du big data et de l'Internet, le flux de chaque personne peut être clairement vu. Nous sommes donc différents de l'époque du sras maintenant », a déclaré l'épidémiologiste Li Lanjuan dans une interview accordée la semaine dernière à la chaîne publique chinoise CCTV, comparant l'épidémie à un virus qui a tué 800 personnes en 2003, selon un rapport de Reuters plus tôt en février. « Avec ces nouvelles technologies, nous devrions les utiliser pleinement pour trouver la source de l'infection et la contenir », a-t-il ajouté.
Hanwang compte environ 200 clients à Pékin qui utilisent cette technologie, y compris la police, et s'attend à ce que d'autres, dans 20 provinces, commencent bientôt à l'installer, a déclaré M. Huang à Reuters. Cependant, le système a du mal à identifier les personnes qui portent à la fois un masque et des lunettes de soleil, a-t-il dit. « Dans cette situation, toutes les informations faciales clés sont perdues. Dans de tels cas, la reconnaissance est difficile », a déclaré M. Huang.
Selon Reuters, la réaction des citoyens chinois face à cette nouvelle technologie n'est pas immédiatement évidente. En ce qui concerne les autres outils de surveillance utilisés dans la lutte contre le coronavirus, les médias sociaux ont suscité quelques récriminations, mais la plupart des gens semblent accepter une intrusion supplémentaire, voire l'adopter, comme moyen de faire face à l'urgence sanitaire.
Dans le rapport de février de Reuters, un homme de Hangzhou en Chine, qui a été contacté par la police après que sa voiture ait été repérée grâce à sa plaque d'immatriculation dans la ville voisine de Wenzhou, lorsqu’il était de retour d’un voyage en février dernier a déclaré à Reuters : « J'ai été un peu choqué par la capacité et l'efficacité du réseau de surveillance de masse. Ils peuvent essentiellement suivre nos mouvements grâce à la technologie de l'IA et au big data, à tout moment et en tout lieu ».
Selon Reuters, bien que les clients nationaux aient été le moteur de l'activité de Hanwang, M. Huang a également déclaré qu'il s'attendait à un intérêt accru de la part des étrangers, car le virus se propage dans le monde entier et de plus en plus de personnes portent des masques. « Non seulement la population chinoise en bénéficie, mais aussi, lorsque la technologie est appliquée à l'échelle mondiale, le monde entier peut en bénéficier », a-t-il déclaré.
Que se passerait-il si une telle technologie venait à s’étendre aux autres pays du monde qui préparent tous en ce moment une riposte contre le coronavirus qui continue son expansion ?
Source : Reuters
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Selon une société chinoise de reconnaissance faciale
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Le , par Stan Adkens
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