
via les caméras alimentées par l'IA
De nombreux pays, y compris la France, n'ont pas de lois qui empêchent les entreprises de surveiller leurs employés. Depuis des années, les employeurs utilisent la surveillance pour garder un œil sur leurs employés au travail. Des caméras observent les entrées et sorties d'argent des caisses enregistreuses, le GPS signale les mouvements des employés conduisant les véhicules de l'entreprise et des logiciels surveillent le courrier électronique professionnel des employés. Début février, Amazon annonçait à ses chauffeurs l'arrivée d'un « surveillant » par comme les autres : une caméra alimentée par l'IA installée dans leur camionnette qui se chargera de garder un œil sur eux tout le long de leur trajet de livraison. Les caméras vont les enregistrer 100 % du temps pendant qu'ils sont en route et signaleront une série d'infractions à la sécurité, notamment le non-respect d'un stop, les excès de vitesse et la conduite distraite. Uber aurait demandé la possibilité de surveiller certains travailleurs.
Aujourd'hui, alors que le travail se fait de plus en plus à distance, nombre de ces mêmes outils de surveillance pénètrent dans les foyers. Une société de marketing du Minnesota a forcé ses employés à installer un logiciel qui enregistrait des vidéos de leurs écrans et allait jusqu'à réduire leurs heures de travail s'ils prenaient une pause pipi trop longue. Une société de commerce électronique de New York a dit à ses employés qu'ils devraient installer un logiciel de surveillance sur leurs ordinateurs personnels qui enregistrerait les frappes au clavier, les mouvements de la souris et qu'ils devraient installer une application sur leurs téléphones qui suivrait leurs mouvements tout au long de la journée de travail.
Uber aurait demandé la possibilité de surveiller certains travailleurs. Uber a déclaré qu'elle n'observerait pas l'ensemble du personnel, mais la société n'a pas précisé quels employés seraient soumis aux nouvelles politiques. La société de covoiturage a demandé la surveillance des employés à distance de Téléperformance parce que le personnel du centre d'appels a accès aux cartes de crédit des clients et aux détails des voyages, a déclaré un porte-parole d'Uber. Comme de nombreux travailleurs à distance dans le monde, les Colombiens ont dû se contenter de l'espace dont ils disposaient. Dans de nombreux cas, cela signifie qu'ils ont dû placer leur équipement de travail dans des espaces autrement privés, comme leur chambre à coucher. « Le contrat permet une surveillance constante de ce que nous faisons, mais aussi de notre famille », a déclaré un travailleur à NBC. Je pense que c'est vraiment mauvais. Nous ne travaillons pas dans un bureau. Je travaille dans ma chambre. Je ne veux pas avoir une caméra dans ma chambre ».
Amazon également garde un œil sur ses livreurs pendant le service. Le leader mondial de l'e-commerce, a intégré dans ses vans de livraison des caméras connectées à une IA pour surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance. Certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée, car ils sont enregistrés « 100 % du temps » par les caméras pendant qu'ils sont en route et signalent une série d'infractions à la sécurité, notamment le non-respect d'un stop, les excès de vitesse et la conduite distraite. De son côté par contre, le détaillant affirme que les caméras l'aideront à améliorer la sécurité de son réseau de livraisons.
Les chauffeurs Amazon de certaines installations américaines auront bientôt une paire d'yeux supplémentaire pour les surveiller lorsqu'ils prendront la route pour effectuer leurs livraisons quotidiennes. En effet, le géant mondial de l'e-commerce a récemment commencé à tester des caméras connectées à une IA dans les véhicules pour surveiller les chauffeurs de livraison sous contrat pendant qu'ils sont au travail. Amazon a confirmé ses faits au micro de CNBC, disant que cette "surveillance" va lui permettre d'améliorer la sécurité de son réseau de livraisons, mais cela inquiète grandement les acteurs concernés. Une autre employée de Téléperformance a déclaré que la seule pièce suffisamment calme pour prendre les appels des clients est sa chambre, et la nuit, pendant ses quarts de travail, c'est aussi là que son mari dort. « C'est une violation de mon droit à la vie privée, ainsi que des droits de mon mari et de ma belle-mère qui vivent avec moi », a-t-elle déclaré.
L'essor de la surveillance
De nombreuses entreprises (mais pas toutes) ont été contraintes de mettre en place le travail à distance il y a un an et demi, lorsque la pandémie a commencé, et depuis lors, l'intérêt pour les logiciels de surveillance des employés a explosé. Depuis, l'intérêt pour les logiciels de surveillance des employés a explosé. On craint qu'une fois la pandémie terminée, la surveillance numérique ne suive les employés jusqu'au bureau. Les outils et les politiques varient en fonction de leur degré d'envahissement. Certains surveillent les applications ou les sites Web ouverts et actifs, tandis que d'autres enregistrent les frappes au clavier ou font des captures d'écran pour permettre aux responsables de fouiner sur le bureau de leurs employés. D'autres encore surveillent l'activité générale et affichent une fenêtre contextuelle si la personne semble inactive pendant trop longtemps. Si l'utilisateur ne la ferme pas à temps, l'application met en pause son horloge, ce qui a pour effet de réduire son salaire si sa pause pipi dure trop longtemps. D'autres employeurs renoncent complètement aux applications spécialisées et demandent à leurs employés de rester sur le chat vidéo toute la journée.
Les employés n'ont pas beaucoup d'options. Ils peuvent s'organiser pour repousser les employeurs fouineurs. Cependant, ce n’est pas toujours gagné d’avance. Amazon par exemple avait décidé de monter le ton pour devenir ferme sur la question de faire surveiller les chauffeurs de camion de livraison par l'IA : « Acceptez d'être surveillé par l'IA ou perdez votre emploi ». Désormais, obtenir ou conserver son job de livreur chez le leader mondial de l'e-commerce est assujetti à la signature d'un formulaire de « consentement biométrique ». La nature exacte des informations collectées semble varier en fonction de l'équipement de surveillance installé dans une camionnette donnée, mais la politique de confidentialité d'Amazon couvre un large éventail de données. Certains ont allégué qu'Amazon pourrait vendre ces données à qui il veut.
Les données collectées et le traitement qui en est fait inquiètent les livreurs et ils décident de s’organiser en syndicat pour mieux se défendre. Amazon contre-attaque et envoie des instructions « Votez NON » aux employés dans le cadre de l'élection syndicale. Amazon dit aux travailleurs : « Protégez ce que vous avez et votez non ». Plusieurs rapports ont démontré au fil des ans comment Amazon lutte depuis toujours pour empêcher ses employés du monde entier de se syndiquer. Une tentative des employés d'Amazon France de se syndiquer a échoué début 2020. Amazon ne souhaite pas du tout que ses employés se regroupent en syndicat. Selon les analystes, si cela arrivait, l'entreprise pourrait perdre sa mainmise sur ses employés. « Il n'y a pas de problème constitutionnel ici, a déclaré l'année dernière à NPR Paul Stephens, directeur de la politique et de la défense de la Privacy Rights Clearinghouse. Il n'y a pas beaucoup de protections légales pour les employés qui sont surveillés ».
En mars, un chauffeur d’Amazon a d’ailleurs fait le choix de démissionner de l'entreprise à cause des caméras connectées à une IA installées dans les camions capables d'enregistrer et d'analyser son visage et son corps pendant toute la durée. L’employé prénommé Vic, qui a demandé à n'utiliser que son prénom « par crainte de représailles », dit avoir vu les politiques d'Amazon changer pour inclure des moyens de surveillance de plus en plus actifs. Au début, c'était l'application Mentor d'Amazon qui surveillait constamment sa conduite, l'utilisation de son téléphone et sa localisation, générant un score permettant à ses responsables d'évaluer ses performances sur la route. « Si on passait sur une bosse, le téléphone s'entrechoquait, l'application Mentor enregistrait le fait que j'utilisais le téléphone pendant que je conduisais, et boum, j'étais ramené à l’ordre », a-t-il dit.
Ensuite, l'entreprise voulait des photos de lui au début de chaque service sur une autre application, a-t-il raconté à la fondation. Mais le point de rupture est survenu lorsqu'Amazon a annoncé qu'elle allait installer des caméras d’intelligence artificielle dans sa flotte de véhicules. « Je m'étais déjà connecté avec ma carte au début de mon service, et maintenant, ils veulent une photo ? C'était trop », a-t-il déclaré. L'indignité ultime a été la décision d'Amazon d'installer dans les véhicules de livraison une caméra à quatre lentilles, alimentée par l'intelligence artificielle, qui enregistrerait et analyserait son visage et son corps pendant toute la durée du service. Vic a donné...
La fin de cet article est réservée aux abonnés. Soutenez le Club Developpez.com en prenant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.