L’IA pose aujourd’hui un dilemme ; il est décrit comme à la fois impressionnante et assez stupide. Certaines personnes critiquent l'utilisation du terme « intelligence artificielle » pour des algorithmes qui peuvent être sujets à des erreurs et irréfléchis, soulignant les défauts amusants de l'IA : ce qui offre un soulagement aux artistes qui craignaient initialement que leur profession soit menacée par ces technologies.
Le sujet de l'impact de l'intelligence artificielle sur les arts et la société en général prend une tournure plus sombre en évoquant les conséquences réelles de l'IA, notamment le vol intellectuel perpétré par les grandes entreprises au détriment des artistes. Les artistes, acteurs et écrivains ont tous été confrontés à des utilisations non autorisées de leur travail par des algorithmes, entraînant des grèves et des poursuites.
Autrefois réservés à une élite technologique restreinte, les systèmes d'IA texte-image gagnent en popularité et en puissance. Ces outils, généralement proposant quelques crédits gratuits avant de devenir payants, peuvent créer diverses images à partir de simples mots, certaines rappelant clairement le style de nombreux artistes, même s'il n'est pas évident qu'elles aient été réalisées par le même créateur. Les utilisateurs peuvent identifier ces artistes en utilisant des termes tels que « dans le style de » ou « par », suivis d'un nom spécifique.
Les artistes enflamment le débat sur l'utilisation de leurs œuvres pour entraîner les outils d'IA
Les utilisations actuelles de ces outils vont de l'amusement personnel à des applications commerciales. Cependant, la révélation que des artistes découvrent que leur travail est utilisé pour former des programmes d'IA soulève une inquiétude fondamentale : leur propre art est effectivement exploité pour entraîner des programmes informatiques qui pourraient éventuellement concurrencer leur gagne-pain.
Les personnes qui génèrent des images avec des systèmes tels que Stable Diffusion ou DALL-E peuvent ensuite les vendre, avec des conditions spécifiques liées au droit d'auteur et à la propriété de ces images qui varient. Daniel Danger, illustrateur et graveur, exprime son refus de participer à une machine qui pourrait dévaloriser son travail, après avoir découvert que plusieurs de ses œuvres ont été utilisées pour entraîner Stable Diffusion.
Certains artistes numériques ont porté plainte contre Midjourney et Stability AI, deux entreprises ayant lancé des générateurs d'images basés sur l'intelligence artificielle, capables de transformer des textes simples en images réalistes. Les artistes allèguent que ces entreprises ont enfreint leurs droits d'auteur en utilisant leurs œuvres, ainsi que celles de milliers d'autres artistes, pour former leurs générateurs d'images et produire des œuvres dérivées.
L'auteur aborde ensuite la menace que l'IA pose au monde artistique, décrivant le risque de submersion par un excès de contenu généré par des algorithmes. Il mentionne le phénomène où plusieurs magazines de science-fiction ont interrompu leurs envois en raison d'une surabondance d'histoires écrites par l'IA. Michel souligne le problème du « pipeline » et se demande si l'IA produira vraiment 100 fois plus de lecteurs avec une production artistique accrue.
Des milliers d'auteurs, dont Nora Roberts, Viet Thanh Nguyen, Michael Chabon et Margaret Atwood, ont uni leurs voix dans une lettre exhortant des entreprises d'intelligence artificielle telles qu'OpenAI et Meta à cesser d'utiliser leur travail sans autorisation ni compensation. Selon un rapport de The Authors Guild, le revenu médian d'un écrivain à temps plein aux États-Unis l'année dernière s'élevait à 23 000 dollars. Les revenus des écrivains ont également connu une baisse de 42 % entre 2009 et 2019.
L'émergence d'applications d'IA génératives basées sur du texte, telles que GPT-4 et Bard, qui explorent le Web à la recherche de contenus d'auteurs sans autorisation ni rémunération, suscite des inquiétudes croissantes parmi les écrivains à travers le pays. Ces applications utilisent ensuite ces contenus pour créer de nouveaux éléments en réponse aux requêtes des utilisateurs.
Alexander Chee, auteur à succès de romans tels qu'Édimbourg et La Reine de la nuit, souligne qu'il n'y a pas de nécessité pressante pour l'IA d'écrire un roman, sauf pour ceux qui cherchent à éviter de payer aux écrivains ce qu'ils méritent. Chee fait partie des quelque 8 000 auteurs qui ont récemment signé une lettre adressée aux dirigeants de six sociétés d'IA, dont OpenAI, Alphabet et Meta. La lettre souligne l'injustice de l'utilisation non autorisée de leurs travaux dans ces technologies, appelant à une indemnisation et à un dialogue ouvert.
Mary Rasenberger, PDG de The Author's Guild, a créé cette lettre dans l'espoir d'encourager ces entreprises à trouver un accord amiable, évitant ainsi des poursuites coûteuses. Elle souligne que les litiges représentent des coûts considérables en temps et en argent.
Le danger croissant des nouvelles technologies creusant les disparités économiques
Lincoln Michel souligne les préoccupations éthiques liées à l'IA, affirmant que les défenseurs de cette technologie détourneraient l'attention en spéculant sur des futurs utopiques. Il met en garde contre le potentiel de l'IA d'enrichir les riches tout en appauvrissant le reste de la société, pointant du doigt des exemples concrets tels que l'utilisation de l'IA par des compagnies d'assurance maladie pour refuser des traitements nécessaires.
L'intelligence artificielle aggraverait la disparité entre les riches et les pauvres, en automatisant des emplois pour les travailleurs peu qualifiés et en renforçant la demande et les salaires pour les professions hautement qualifiées. Les projections de PwC suggèrent que l'IA contribuera significativement au PIB mondial d'ici 2030, suscitant des inquiétudes quant aux pertes d'emplois massives et à l'accentuation des inégalités.
Les robots devraient quadrupler d'ici 2025, avec des estimations prévoyant que 45 à 57 % des emplois pourraient être automatisés d'ici 2040. Bien que PwC suggère la création de nouveaux emplois liés à l'IA, des préoccupations subsistent quant à la quantité et à la nature de ces emplois. Il semble nécessaire d'anticiper les défis résultant de l'accroissement du fossé entre les riches et les pauvres engendré par l'IA.
Le rapport du Fonds Monétaire International (FMI) met en lumière le risque croissant que les nouvelles technologies, en particulier l'automatisation et l'intelligence artificielle, creusent le fossé entre les pays développés et les pays en développement.
L'écart entre les économies avancées et les économies en développement se creuse au fur et à mesure que les robots remplacent les travailleurs (variations du PIB par habitant en pourcentage).
L'étude se base sur un modèle examinant deux pays, l'un développé et l'autre en développement, où l'automatisation, représentée par l'utilisation de robots, menace de remplacer plutôt que de compléter la main-d'œuvre des pays en développement. Trois canaux distincts sont identifiés comme sources potentielles de divergence : la part de la production, les flux d'investissement et les termes de l'échange.
Les implications incluent une augmentation des inégalités de revenus pendant la transition vers la révolution robotique, nécessitant des actions politiques ciblées pour stimuler la productivité, améliorer les compétences des travailleurs et atténuer les risques liés à la substitution de la main-d'œuvre par des robots. Le rapport souligne également l'importance de l'accumulation de capital humain et suggère que les pays en développement doivent agir rapidement pour éviter que la transition démographique tant attendue ne soit compromise par la menace de l'automatisation.
L'analyse de Lincoln Michel dans son billet de blog sur l'influence de l'intelligence artificielle se distingue par son caractère perspicace et nuancé. De manière astucieuse, il examine les succès de l'IA dans des secteurs tels que les examens standardisés, mettant en évidence les préoccupations grandissantes liées à la rivalité entre les machines et les êtres humains.
Le constat de Michel concernant la menace que représente l'IA pour le monde artistique, en soulignant le danger d'une surabondance de contenu généré par des algorithmes, est à la fois pertinent et inquiétant. Sa remise en question sur la pertinence d'une augmentation de la production artistique grâce à l'IA souligne un aspect essentiel à prendre en compte dans le débat sur l'impact de cette technologie. Il serait enrichissant d'approfondir l'exploration des solutions potentielles ou des moyens d'atténuer les risques identifiés, afin d'apporter une perspective plus équilibrée à la discussion.
Un an après le lancement de ChatGPT, les inquiétudes de Lincoln Michel quant à une éventuelle substitution des artistes humains par l'intelligence artificielle s'atténuent. Bien que certains individus apprécient l'utilisation de l'IA à des fins créatives, il dit avoir des doutes quant à l'appétence du public à consommer (et encore moins à rémunérer) l'art généré par l'IA.
Sources : Lincoln Michel's blog post, IMF
Et vous ?
L'analyse de Lincoln Michel est-elle pertinente ?
Selon vous, en quoi la popularité croissante des systèmes d'IA soulève-t-elle des préoccupations fondamentales ?
Croyez-vous que l'intelligence artificielle est susceptible de causer une perte de temps généralisée ?
Voir aussi :
Quand l'IA copie l'art : des artistes ont intenté une action en justice contre Midjourney et Stability AI pour violation de droit d'auteur, le procès pourrait changer la donne à l'ère de l'IA ?
Des milliers d'auteurs s'opposent à l'exploitation de leur travail sans permission ni rémunération par l'IA générative, certains ont déjà intenté des actions en justice contre OpenAI
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