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En mai 2024,le président français Emmanuel Macron a affiché sa volonté de faire de la France un leader incontesté en matière d'IA, qu'elle diffusera partout et pour tous. Son plan d’action tenait sur cinq axes prioritaires dont la formation de la ressource humaine et la revue à la hausse des financements dans la filière. Mais certains critiques y voyaient un simple rappel des recommandations de la Commission de l’intelligence artificielle. Certains se questionnaient même de savoir quelles sont les raisons pour lesquelles l’Europe et la France continuent d’être à la traîne face aux entreprises américaines dans ledit domaine.
Récemment, Emmanuel Macron a lancé un avertissement sévère sur la position de l'Europe dans la course mondiale à l'IA, reconnaissant que le continent est à la traîne par rapport à des concurrents comme les États-Unis et la Chine. "Nous ne sommes pas dans la course aujourd'hui", a déclaré Macron à Richard Quest de CNN lors d'une interview exclusive au palais de l'Élysée. "Nous sommes à la traîne."
Les préoccupations de Macron mettent en évidence l'écart croissant entre les progrès de l'IA, l'Europe ayant du mal à suivre le rythme des grandes puissances de l'IA. "Nous avons besoin d'un programme en matière d'IA", a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'initiatives stratégiques pour garantir que l'Europe joue un rôle important dans le développement futur de l'IA plutôt que de devenir un simple consommateur de la technologie.
Ces remarques interviennent alors que la France accueille un sommet sur l'IA à Paris, visant à positionner le pays à l'avant-garde des discussions internationales sur l'IA. L'événement met également en lumière la startup parisienne Mistral AI, qui vient de lancé une nouvelle application mobile et qui est largement considérée comme le challenger européen d'OpenAI. Toutefois, la concurrence d'entreprises chinoises moins coûteuses, telles que DeepSeek, constitue un obstacle supplémentaire aux ambitions européennes en matière d'IA.
Malgré ses difficultés, la France possède un avantage unique en matière de développement de l'IA : son portefeuille énergétique à forte composante nucléaire. Ce surplus d'énergie fait du pays un lieu de prédilection pour les centres de données à forte consommation d'énergie, un facteur crucial pour la croissance de l'IA. La France s'apprête à dévoiler le plus grand supercalculateur d'Europe en dehors de Paris d'ici à l'automne 2025. Installé sur le site militaire du Mont Valérien, le système soutiendra les avancées de l'IA dans le domaine de la défense, notamment le brouillage anti-drone et la conception architecturale des futurs porte-avions.
Toutefois, au-delà de la France, l'Europe dans son ensemble ne contrôle que 3 à 5 % de la puissance informatique mondiale. Macron estime qu'il est possible de changer cette situation en investissant dans l'infrastructure de l'IA et a des projets ambitieux pour établir 20 % des centres de données mondiaux en Europe. Obtenir un soutien financier suffisant reste un défi de taille. M. Macron a souligné que l'Europe "doit faire beaucoup mieux" pour attirer les investissements, d'autant plus que les États-Unis et les États arabes du Golfe continuent de dominer le financement mondial de l'IA.
Les ambitions de l'Europe en matière d'IA sont également compliquées par la montée des tensions commerciales avec les États-Unis. Le président américain Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises les politiques commerciales de l'UE, accusant le bloc de pratiques déloyales. En 2024, le déficit commercial des États-Unis avec l'UE a augmenté de 26,9 milliards de dollars pour atteindre 235,6 milliards de dollars, ce qui a incité Trump à réclamer des droits de douane réciproques.
Macron a répliqué en faisant valoir que les dépenses importantes de l'Europe pour les services numériques américains sont souvent ignorées dans les calculs commerciaux. Pour contrer les perturbations économiques potentielles, il a souligné l'importance de protéger les producteurs européens et de réduire les charges réglementaires qui pèsent sur les investissements. "L'Europe doit simplifier ses règles, les rendre beaucoup plus favorables aux entreprises et se synchroniser avec les États-Unis", a-t-il déclaré.
Macron reste déterminé à faire en sorte que l'Europe reste compétitive dans le secteur de l'IA. "Je me battrai pour l'IA", a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'un environnement commercial plus dynamique. Il a présenté des projets de réglementations favorables aux startups de l'IA, dont les principales annonces devraient être faites en février et mars. Il espère que le sommet de Paris sur l'IA servira de "signal d'alarme" pour l'Europe, poussant les décideurs politiques à adopter des réformes audacieuses et à favoriser un écosystème commercial favorable à l'IA.
Fait intéressant, en décembre 2023, Emmanuel Macron avait déjà exprimé son avis sur la réglementation de l'IA. Il a notamment partagé ses inquiétudes concernant le nouvel Acte sur l’intelligence artificielle (IA) proposé par l’Union européenne, mettant en garde contre les risques qu’il représente pour l’innovation. Selon lui, cette législation emblématique pourrait laisser les entreprises technologiques européennes à la traîne par rapport à leurs concurrents aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Chine.
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