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L'UE veut mobiliser 200 milliards d'euros afin de renforcer son industrie de l'IA
Lors du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (AI Action Summit) à Paris, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l'UE souhaite renforcer sa capacité à concurrencer les États-Unis et la Chine dans le domaine de l'IA. Elle a annoncé des initiatives visant à rattraper ces rivaux dans le développement d'infrastructures d'IA avancées et la mise sur le marché de modèles d'IA populaires tels que ChatGPT et DeepSeek.
« Nous voulons que l'Europe soit l'un des continents leaders en matière d'IA, ce qui implique d'adopter un mode de vie où l'IA est omniprésente. J'entends trop souvent dire que l'Europe est en retard dans la course, alors que les États-Unis ou la Chine ont déjà pris de l'avance. Je ne suis pas d'accord, car la course à l'IA est loin d'être terminée », a déclaré Ursula von der Leyen lors du sommet. Pour cela, l'UE va mobiliser un investissement de 200 milliards d'euros.
Son annonce intervient un jour après que plus de 20 investisseurs, dont Blackstone, KKR & Co et EQT, ont promis d'affecter 150 milliards d'euros à des initiatives liées à l'IA en Europe au cours des cinq prochaines années. Ces fonds permettront notamment de soutenir la construction de centres de données.
La Commission veut compléter cet effort privé avec 50 milliards d'euros dans le cadre d'une initiative baptisée « InvestAI ». Le plan comprend un fonds de 20 milliards pour les « gigafactories » de l'IA, des installations qui s'appuient sur des puces puissantes pour former les modèles d'IA les plus complexes.
« Ce partenariat public-privé unique, qui s'apparente à un CERN pour l'IA, permettra à tous nos scientifiques et à toutes nos entreprises - et pas seulement aux plus grandes - de développer les très grands modèles les plus avancés nécessaires pour faire de l'Europe un continent de l'IA », a déclaré Ursula von der Leyen.
Le projet InvestAI de l'UE comprend un fonds de financement à plusieurs niveaux
Le financement initial du projet InvestAI par la Commission proviendra de programmes européens existants, mais les États membres pourront également apporter leur contribution. InvestAI comprendra un fonds à plusieurs niveaux, avec des actions présentant différents profils de risque et de rendement.
L'UE vise à créer des gigafactories pour former les modèles d'IA les plus complexes et les plus vastes. Ces installations seront équipées d'environ 100 000 puces d'IA de dernière génération, soit environ quatre fois plus que le nombre de puces installées dans les usines d'IA actuellement en cours de création.
En décembre 2024, l'UE a sélectionné plusieurs consortiums pour la création de sept usines d'IA, et prévoit d'en annoncer cinq autres prochainement. Ursula von der Leyen a déclaré que le fonds InvestAI financerait les gigafactories d'IA au moyen d'une combinaison de subventions et de capitaux propres.
L'UE face au gigantesque projet Stargate américain de 500 milliards de dollars
Le projet de l'UE intervient un mois après que Washington a annoncé Stargate, une coentreprise d'IA qui vise à développer l'infrastructure de l'IA aux États-Unis. OpenAI, SoftBank, Oracle et MGX sont les bailleurs de fonds initiaux de Stargate. Arm, Microsoft et Nvidia sont des partenaires technologiques. Les entreprises s'engagent initialement à hauteur de 100 milliards de dollars et prévoient d'investir jusqu'à 500 milliards de dollars d'ici à quatre ans.
Le projet Stargate construira l'infrastructure physique et virtuelle qui alimentera la prochaine génération d'IA, y compris des centres de données dans tout le pays. L'initiative vise notamment à permettre aux États-Unis de dominer le secteur de l'IA, une priorité de la nouvelle administration Trump.
S'il se concrétise, Stargate pourrait être le plus grand projet privé d'infrastructure informatique de l'histoire. Il s'agirait d'un réseau de complexes informatiques massifs, chacun s'étendant sur des centaines d'hectares et consommant autant d'énergie qu'une petite ville. Chaque installation consommerait suffisamment d'électricité pour alimenter des dizaines de milliers de foyers, et nécessiterait ses propres sous-stations électriques et lignes de transmission.
Entre-temps, Pékin a également fait des progrès dans le domaine de la technologie. L'entreprise chinoise DeepSeek a mis au point des modèles d'IA qui, selon elle, égalent presque ceux de ses rivaux américains malgré l'utilisation de puces de qualité inférieure, ce qui soulève des questions sérieuses quant à la nécessité de dépenser des sommes considérables pour l'équipement de pointe fourni par Nvidia et d'autres géants américains de la technologie.
Il convient de souligner que « les fondations du projet Stargate semblent étonnamment fragiles ». Sam Altman, PDG d'OpenAI, n'obtient qu'une fraction de l'argent qu'il cherchait initialement auprès d'investisseurs tels que SoftBank, qui ont la réputation de faire passer le battage médiatique avant les résultats.
En outre, son approche a été remise en question par la startup chinoise DeepSeek qui a discrètement créé un modèle d'IA avancé avec une fraction des ressources. Et certaines des personnes qui sont habituellement désireuses d'acheter ce que vend Sam Altman ne cachent pas leur mécontentement.
L'UE accusée d'étouffer l'industrie de l'IA avec sa réglementation jugée excessive
Les investissements annoncés par Ursula von der Leyen visent à aider l'UE à rattraper l'avance prise par la Chine et les États-Unis dans le développement d'infrastructures d'IA avancées et dans le déploiement de puissants grands modèles de langage (LLM) tels que ChatGPT et DeepSeek. Toutefois, les critiques affirment que les ambitions de l'UE se heurtent à sa propre réglementation sur l'IA. Elle serait non seulement contraignante, mais aussi excessive.
« On ne peut pas se contenter d'injecter de l'argent dans un problème en espérant qu'il s'améliore. Le système réglementaire de l'UE est absolument opposé aux entreprises technologiques. Cet argent disparaîtra tout simplement, comme l'a fait l'argent de la loi CHIPS », a écrit un critique en réponse à l'annonce.
L'UE a été l'une des premières puissances mondiales à introduire une réglementation complète sur l'IA, avec l'entrée en vigueur de la loi sur l'IA (EU AI Act) l'année dernière. Lors du sommet sur l'IA à Paris, le vice-président américain JD Vance a critiqué l'environnement réglementaire de l'UE, le décrivant comme une « censure autoritaire » et déclarant qu'une « réglementation excessive du secteur de l'IA pourrait tuer une industrie transformatrice ».
Les États-Unis et leurs entreprises s'opposent fermement à cette réglementation. Ainsi, les États-Unis et le Royaume-Uni n'ont notamment pas signé la déclaration du sommet de Paris sur l'IA, qui engage les pays à veiller à ce que l'IA soit « ouverte, inclusive, transparente, éthique, sûre et digne de confiance ».
Parallèlement à l'annonce d'Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron a déclaré que 109 milliards d'euros seraient investis dans l'IA en France. Emmanuel Macron a décrit cette initiative comme un « équivalent » du projet Stargate des États-Unis, mais avec une enveloppe beaucoup plus légère.
Source : communiqué de la Commission européenne
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