
L'Albanie a nommé un bot d'intelligence artificielle (IA), baptisé Diella, au poste de ministre des Marchés publics, afin de lutter contre la corruption qui sévit dans les appels d'offres publics. Annoncée par le Premier ministre Edi Rama, cette nomination fait de Diella le premier membre du gouvernement piloté par l'IA. Conçu pour attribuer des contrats grâce à un processus décisionnel algorithmique, ce robot vise à garantir la transparence dans un secteur longtemps miné par le favoritisme et la corruption.
Edvin Kristaq Rama est un homme politique, artiste et écrivain albanais qui occupe depuis 2013 le poste de 33e Premier ministre de l'Albanie et celui de président du Parti socialiste albanais depuis 2005. Edi Rama est le seul Premier ministre albanais de l'histoire à avoir remporté quatre mandats consécutifs. Au cours de ses dix années au pouvoir, l'Albanie a connu une croissance économique, mais aussi un recul démocratique, diverses sources qualifiant son régime d'autocratique. Rama a été l'un des initiateurs de l'Open Balkan, une zone économique des pays des Balkans occidentaux destinée à garantir les « quatre libertés ».
Dans le cadre d'une initiative révolutionnaire alliant technologie de pointe et réforme de la gouvernance, l'Albanie a nommé un robot doté d'intelligence artificielle, baptisé Diella, au poste de nouveau ministre chargé des marchés publics. Annoncée par le Premier ministre Edi Rama le 11 septembre 2025, cette initiative vise à éradiquer la corruption dans les appels d'offres publics, un problème persistant dans ce pays des Balkans. Diella, dont le nom signifie « soleil » en albanais, est conçue pour gérer et attribuer des contrats à des entreprises privées pour des projets publics, garantissant la transparence grâce à un processus décisionnel algorithmique que les humains ne peuvent pas facilement manipuler.
Le bot a vu le jour en tant qu'assistant virtuel sur la plateforme e-Albania, lancée plus tôt en 2025 pour rationaliser l'accès aux documents publics. Vêtue d'un costume traditionnel albanais dans son avatar numérique, Diella répond aux commandes vocales et délivre des documents tamponnés électroniquement, réduisant ainsi les formalités administratives. Edi Rama, qui entame son quatrième mandat, l'a saluée comme la première membre du cabinet « virtuellement créée par l'IA », promettant un système où les appels d'offres sont « 100 % exempts de corruption ».
La promesse d'une gouvernance incorruptible
Cette nomination intervient alors que l'Albanie cherche à rejoindre l'Union européenne, où la lutte contre la corruption est un obstacle majeur. Les marchés publics ont longtemps été un terrain fertile pour la corruption, avec des scandales impliquant du favoritisme et des pots-de-vin qui ont sapé le progrès économique. En confiant la supervision à Diella, le gouvernement cherche à tirer parti de l'impartialité de l'IA, insensible aux pots-de-vin, aux menaces ou au népotisme, afin de favoriser une concurrence loyale et une allocation efficace des ressources.
Les experts du secteur considèrent cela comme une expérience audacieuse dans le domaine de l'administration basée sur l'IA. Les algorithmes de Diella analyseront les offres en fonction de critères prédéfinis tels que le coût, la qualité et la conformité, ce qui pourrait réduire les erreurs humaines et les biais. Cependant, les sceptiques se demandent si un système d'IA peut réellement gérer les nuances des marchés publics dans le monde réel, comme l'évaluation de propositions innovantes ou le traitement des litiges.
Scepticisme et réaction du public
La réaction du public a été mitigée, les réseaux sociaux s'étant enflammés pour cette nouveauté. Certains utilisateurs de Facebook ont ironisé en déclarant que « même Diella sera corrompue en Albanie » ou que « les vols continueront et Diella sera tenue pour responsable ». Ces sentiments reflètent un cynisme profondément ancré dans l'histoire politique mouvementée du pays.
De plus, des inquiétudes se font jour quant à la vulnérabilité du bot aux cyberattaques ou à une programmation biaisée. Si le code de Diella est manipulé par des initiés, cela pourrait perpétuer la corruption sous un vernis technologique. Les responsables albanais rétorquent que des mesures de protection robustes, notamment des audits réguliers et une supervision humaine des recours, atténueront ces risques.
Implications plus larges pour la politique technologique mondiale
La décision de l'Albanie s'inscrit dans une tendance croissante à l'intégration de l'IA dans les administrations publiques, de la bureaucratie numérique estonienne aux initiatives de ville intelligente de Singapour. Les analystes estiment que cela pourrait accélérer l'adhésion de l'Albanie à l'UE en démontrant des mesures innovantes de lutte contre la corruption, susceptibles d'inspirer d'autres nations confrontées à des défis similaires.
Pour les spécialistes des technologies, le véritable intérêt réside dans l'architecture sous-jacente de Diella. Basée sur des modèles avancés d'apprentissage automatique, elle traite de vastes ensembles de données pour prédire les résultats optimaux des appels d'offres, en s'inspirant des meilleures pratiques mondiales en matière d'IA dans le domaine des marchés publics. Cependant, des questions éthiques se posent : qui programme ses arbres de décision ? Dans quelle mesure ses algorithmes sont-ils transparents ? L'administration de Rama s'est engagée à utiliser des éléments open source pour instaurer la confiance, mais les détails complets restent secrets.
Défis à relever dans la mise en œuvre
Avec la convocation du nouveau parlement albanais, le rôle de Diella sera mis à l'épreuve dans le cadre d'appels d'offres en temps réel. Les premiers projets pilotes menés sur la plateforme e-Albania se sont révélés prometteurs, réduisant les délais de traitement jusqu'à 70 % selon les données du gouvernement. Cependant, pour étendre ce système à l'échelle nationale, il faudra l'intégrer aux systèmes existants et former le personnel, ce qui pourrait se heurter à la résistance de certains intérêts bien établis.
Les détracteurs, notamment les figures de l'opposition, affirment qu'une véritable réforme nécessite des changements systémiques qui vont au-delà des gadgets technologiques. Comme l'a déclaré un analyste, si Diella symbolise le progrès, « la technologie seule ne peut pas assainir un système gangrené par la corruption ». Le succès dépendra de mesures complémentaires telles que des réformes judiciaires et la protection des lanceurs d'alerte.
Un modèle pour l'avenir ?
Si Diella réussit, l'Albanie pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de ministres IA, influençant des secteurs tels que la finance ou la santé à l'échelle mondiale. Pour l'instant, cette expérience souligne le potentiel, mais aussi les écueils, du déploiement de l'IA dans la gouvernance à haut risque, offrant des enseignements aux décideurs politiques du monde entier.
Comme l'envisage Edi Rama, cela pourrait faire de l'Albanie un phare d'innovation incorruptible, même si seul le temps révélera si le soleil de Diella éclaire véritablement une voie sans corruption.
Alors que l'Albanie adopte l'IA dans la gouvernance publique, cette technologie a déjà été utilisée de manière inattendue aux États-Unis. En 2024, Bentley Hensel, un ingénieur logiciel et candidat indépendant au Congrès de Virginie, a créé un chatbot IA à l'effigie de son adversaire, Don Beyer, après que celui-ci a refusé de participer à d'autres débats. Baptisé DonBot, ce chatbot a été formé à partir des données du site web de Don Beyer et utilise des déductions plutôt que les propres mots de ce dernier. Bien que non autorisée par Don Beyer, cette initiative a mis en évidence la manière dont la technologie transforme le discours politique et a soulevé des questions épineuses concernant l'éthique, la légitimité et l'avenir de l'engagement démocratique.
Source : Edi Rama, Premier ministre de l'Albanie
Et vous ?


Voir aussi :




Vous avez lu gratuitement 358 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.