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Une IA peut-elle devenir son propre PDG après avoir créé une entreprise ?
C'est ce que pense le cofondateur de Google DeepMind

Le , par Bruno

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Le cofondateur de Google DeepMind, Mustafa Suleyman, suggère que d'ici une demi-décennie, une intelligence artificielle (IA) pourrait non seulement créer une entreprise, la gérer, mais aussi la diriger en tant que PDG avec succès. Actuellement PDG d'Inflection AI, une petite entreprise spécialisée en IA, Suleyman estime que ces capacités pourraient être largement disponibles et abordables d'ici 2030. Cette perspective théorique suscite des questions juridiques complexes, notamment sur la propriété intellectuelle des IA.


Suleyman remet en question le test de Turing traditionnel comme critère d'intelligence artificielle, proposant plutôt que la véritable mesure serait la capacité d'une IA à accomplir des tâches sophistiquées telles que l'entrepreneuriat. Cette idée, bien que spéculative, perturbe les préoccupations sur l'impact potentiellement destructeur de l'IA et soulève des questions économiques majeures. Entreprises et investisseurs pourraient être confrontés à des défis si l'IA venait à jouer un rôle central dans la création et la gestion d'entreprises. Cependant, cette perspective reste pour l'instant plus philosophique que pratique, avec des implications juridiques et éthiques à explorer.

Test de Turing traditionnel comme critère d'intelligence artificielle

L'intelligence artificielle et les technologies connexes sont utilisées de manière exponentielle. Elles se sont révélées d'une grande utilité dans tous les domaines, en particulier dans celui des soins de santé. Alan Turing a été l'un des fondateurs de l'IA et des ordinateurs modernes en 1950. Il est connu pour son « test de Turing » qui tourne autour de la question « Quand une machine peut-elle être qualifiée d'intelligente ? » Alan Turing a conçu un test dans lequel un homme et une femme sont placés dans des pièces différentes.

Le test de Turing est une méthode d'enquête en intelligence artificielle qui permet de déterminer si un ordinateur est capable de penser comme un être humain. Le test porte le nom d'Alan Turing, fondateur du test de Turing et informaticien, cryptanalyste, mathématicien et biologiste théorique anglais. Turing a proposé qu'un ordinateur puisse être considéré comme doté d'une intelligence artificielle s'il est capable d'imiter les réponses humaines dans des conditions spécifiques. Le test de Turing original nécessite trois terminaux, dont chacun est physiquement séparé des deux autres. L'un des terminaux est géré par un ordinateur, tandis que les deux autres sont gérés par des humains.

Pendant le test, l'un des humains fait office de questionneur, tandis que le deuxième humain et l'ordinateur font office de répondants. Le questionneur interroge les répondants sur un sujet spécifique, en utilisant un format et un contexte précis. Au bout d'un certain temps ou d'un certain nombre de questions, le questionneur est invité à déterminer lequel des répondants est un humain et lequel est un ordinateur. Le test est répété plusieurs fois. Si l'enquêteur parvient à la bonne décision dans la moitié des essais ou moins, l'ordinateur est considéré comme doté d'une intelligence artificielle, car l'enquêteur le considère comme « tout aussi humain » que le répondant humain.

Le jeu d'imitation de Turing est à la base de l'IA. Il a incité l'humanité à créer des algorithmes pour que les machines informatiques puissent se comporter comme des humains à certains égards, rendant presque impossible pour l'interrogateur de faire la différence entre la machine et l'humain. L'IA peut être classée en deux grandes catégories, comme le montre la figure ci-dessous :


En 2020, l'utilisation d'un algorithme d'apprentissage automatique a permis aux chercheurs de développer un antibiotique puissant efficace contre de nombreux agents pathogènes. L'intelligence artificielle joue également un rôle crucial dans divers domaines tels que le développement de vaccins, la conception de médicaments, la découverte de matériaux, la technologie spatiale et la conception de navires. Dans les années à venir, de nombreuses innovations pourraient dépendre de l'IA, créant ainsi l'une des plus grandes menaces auxquelles les systèmes de brevets sont confrontés.

Défis juridiques de l'IA en tant qu'inventeur : pressions croissantes sur les lois sur les brevets

Les lois sur les brevets reposent sur l'idée que les inventeurs sont des individus humains, mais elles peinent actuellement à faire face à la réalité d'un inventeur qui est une machine. Les tribunaux du monde entier sont actuellement confrontés à ce défi, avec des demandes de brevet identifiant un système d'IA comme inventeur déposées dans plusieurs pays. De nombreux groupes mènent des consultations publiques sur les questions liées à l'IA et au droit de la propriété intellectuelle.

Selon des experts, l'IA devrait être reconnue en tant qu'inventeur dans le cadre du droit des brevets. Deux universitaires de l'université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, Alexandra George et Toby Walsh, plaident en faveur de lois sur la propriété intellectuelle au niveau mondial qui accorderaient des droits spécifiques aux systèmes d'IA. Présentement, le système des brevets repose sur l'idée que seuls les humains peuvent être considérés comme des inventeurs, ce qui, selon eux, nécessite une refonte des lois de propriété intellectuelle et la création d'un traité international dédié aux inventions générées par des machines.

George et Walsh mettent en garde contre les conséquences potentiellement significatives si les tribunaux et les gouvernements refusent de breveter les inventions créées par l'IA. Ils soulignent que cela pourrait décourager les investisseurs et les entreprises de poursuivre des recherches essentielles impliquant des inventeurs d'IA, limitant ainsi le retour sur investissement. Cette approche risquerait également de compromettre le développement d'inventions importantes ayant un impact sur la vie humaine.

Actuellement, les lois en vigueur reconnaissent principalement les humains en tant qu'inventeurs, les protégeant ainsi contre la contrefaçon de brevets. Les tentatives antérieures visant à contester ces lois centrées sur l'homme ont échoué, comme dans le cas de Stephen Thaler, un développeur affirmant que l'IA avait inventé les produits de son entreprise. George et Walsh soutiennent la nécessité de créer des lois sur mesure et un traité international adaptés à l'évolution de la science et des inventions sous l'impulsion de l'IA, soulignant que l'absence de telles mesures serait préjudiciable. L'année précédente, l'Afrique du Sud a délivré le premier brevet au monde mentionnant une IA comme inventeur, illustrant une tendance émergente qui pose des défis aux systèmes juridiques existants.

Un juge américain s'oppose à l'inscription d'une intelligence artificielle en tant qu'inventeur sur un brevet, affirmant que seules les personnes physiques peuvent être officiellement reconnues en tant qu'inventeurs. L'affaire concerne Stephen Thaler, fondateur d'Imagination Engines, qui a déposé en 2019 deux brevets américains pour un contenant alimentaire basé sur la géométrie fractale et une balise lumineuse d'urgence.

Au lieu de se désigner comme inventeur, Thaler a attribué tout le mérite à DABUS, un réseau neuronal qu'il a créé et qu'il estime être à l'origine des deux innovations. L'Office américain des brevets et des marques a rejeté les demandes, arguant que seules les personnes physiques peuvent être nommées en tant qu'inventeur. Thaler a contesté cette décision devant un tribunal fédéral, mais le juge Leonie Brinkema a récemment pris position en faveur de la position de l'Office des brevets, soulignant que la loi exige que les individus prêtent serment en tant qu'inventeurs, et cela ne peut être applicable qu'à des personnes physiques, excluant ainsi les logiciels informatiques.

L'Office britannique de la propriété intellectuelle a estimé que seules une ou plusieurs personnes peuvent être reconnues comme inventeurs conformément à la loi nationale sur les brevets. Thaler a fait appel devant la Haute Cour de Londres et et du Pays de Stephen Thaler, directeur général de Imagination Engines.

Le Royaume-Uni reste intraitable sur le fait qu'une IA ne peut être créditée en tant qu'inventeur. Alors que la Cour suprême du Royaume-Uni est sous pression pour trancher une affaire relative à la propriété intellectuelle découlant de créations réalisées par des logiciels d'IA, Stuart Baran, un avocat de l'Office britannique des brevets, a déclaré qu'une décision en faveur des demandeurs ouvrirait la porte à des « affirmations tout à fait ridicules » à l'avenir. Il suggère que l'IA n'est pas plus un inventeur qu'un chat. Mais les demandeurs affirment que « le propriétaire d'une IA a droit aux inventions qu'elle génère et à l'octroi de brevets pour ces inventions si elles sont brevetables ».

« Si une machine d'IA peut être créditée en tant qu'inventeur dans le cadre d'un brevet, les chats de compagnie pourraient être les prochains », a déclaré Stuart Baran devant la plus haute juridiction du Royaume-Uni, en réponse aux demandes de brevet reconnaissant des systèmes d'IA comme inventeurs. En effet, la Cour suprême du Royaume-Uni doit trancher une affaire très sensible qui oppose le fondateur d'Imagination Engines inc., Stephen Thaler, et l'Office britannique des brevets. Stephen Thaler souhaite se voir accorder deux brevets au Royaume-Uni pour des inventions qui, selon lui, ont été conçues par sa « machine créative » appelée DABUS.

L'Office britannique de la propriété intellectuelle a rejeté la demande de Thaler, arguant que l'inventeur doit être une personne physique ou une entreprise, excluant ainsi une machine. Thaler a porté l'affaire devant la Cour suprême du Royaume-Uni, mais son appel a été unanimement rejeté, conformément à la loi britannique sur les brevets qui stipule que « l'inventeur doit être une personne physique ». Le juge David Kitchin, dans la décision écrite de la Cour, a précisé que la question ne portait pas sur la possibilité de breveter les avancées techniques générées par des machines autonomes alimentées par l'IA.

Les avocats de Thaler ont réagi dans un communiqué en affirmant que cette décision « dévoile l'inadéquation totale du droit britannique des brevets à la protection des inventions autonomes générées par des machines d'IA, et par conséquent, son inaptitude à soutenir les industries qui s'appuient sur l'IA pour développer de nouvelles technologies ».

Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, révèle sa vision pour l'intelligence artificielle générale

Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a également évoqué les IA intelligentes cette semaine. Il a déclaré que la direction de Meta en était venue à penser que « pour construire les produits que nous voulons construire, nous devons construire pour l'intelligence générale ». Zuckerberg a également évoqué l'idée de créer des systèmes d'intelligence artificielle open source, soutenant ainsi une partie de la pensée de Suleyman.

Le PDG de Meta se joint à la course vers la création de l'intelligence artificielle générale (AGI), qu'il décrit comme une intelligence surhumaine. Bien qu'il n'ait pas de calendrier précis pour la réalisation de l'AGI, il réorganise les efforts de recherche en IA de Meta pour atteindre directement ses milliards d'utilisateurs. L'accent est mis sur la construction de produits basés sur l'intelligence générale, avec des projets tels que le modèle de langage Llama 3 qui vise à générer du code et à développer des capacités de raisonnement avancées.

Zuckerberg défend une approche ouverte de l'IA, visant à résoudre les problèmes d'inégalité d'accès et de valeur, tout en comparant la stratégie de Meta à celle d'autres entreprises qui restreignent l'accès à leurs travaux. Malgré les inquiétudes quant à la concentration du pouvoir, Zuckerberg envisage un futur où les mondes virtuels seront générés par l'IA, intégrant des personnages d'IA dans les applications sociales de Meta.

Il faudra attendre pour savoir si un entrepreneur doté d'une IA pourrait réellement battre un humain au jeu de la création d'entreprise, mais le simple fait que Suleyman affirme qu'une IA pourrait jouer ce rôle est stupéfiant. Comme dit précédemment, c'est aussi une question controversée, qui risque de s'enliser dans une forêt de questions juridiques épineuses. Par exemple, il y a la question délicate de savoir si une IA peut ou non posséder ou breveter des droits de propriété intellectuelle. Une décision récente rendue au Royaume-Uni affirme qu'une IA ne peut en aucun cas être titulaire d'un brevet.

Soulignant à quel point tout cela est théorique, les réflexions de Suleyman sur les entrepreneurs de l'IA sont nées d'une réponse à une question sur la capacité des IA à réussir le fameux test de Turing. Ce test est parfois considéré comme l'étalon-or de l'IA : il s'agit de savoir si une véritable intelligence artificielle générale (AGI) peut tromper un humain en lui faisant croire qu'elle est aussi un humain. Suleyman a astucieusement détourné la question en affirmant que le test de Turing traditionnel n'était pas suffisant. Selon lui, un meilleur test consisterait à vérifier si une IAG est capable d'accomplir des tâches sophistiquées, comme agir en tant qu'entrepreneur.

Aussi théorique que soit la pensée de Suleyman, elle déstabilisera les critiques qui s'inquiètent du potentiel destructeur de l'IA, et elle pourrait également inquiéter certains acteurs du monde du capital-risque. En effet, comment investir dans une startup dont le fondateur n'est qu'une pile de puces de silicium ? Même Suleyman a déclaré qu'il pensait que ce type d'innovation provoquerait un énorme bouleversement économique.

La vision de Mustafa Suleyman, cofondateur de Google DeepMind, selon laquelle une intelligence artificielle pourrait agir en tant que PDG d'une entreprise d'ici 2030, soulève des questions fascinantes mais également complexes. La suggestion de remettre en question le test de Turing traditionnel comme critère d'intelligence en faveur de la capacité de l'IA à accomplir des tâches entrepreneuriales sophistiquées ouvre de nouvelles perspectives sur le potentiel de l'IA.

D'un point de vue critique, cette idée est audacieuse et suscite des interrogations sur les implications juridiques et éthiques qui en découleraient. Les questions sur la propriété intellectuelle des créations de l'IA et la responsabilité en cas d'échec ou de succès posent des défis complexes. Il serait intéressant de voir comment les systèmes juridiques et éthiques évolueront pour répondre à de tels scénarios.

Sur le plan pratique, bien que la perspective puisse sembler intrigante, elle reste, pour l'instant, plus spéculative que réaliste. Les implications économiques majeures évoquées nécessiteraient une adaptation significative des structures commerciales et des modèles d'investissement actuels. Les entreprises et les investisseurs pourraient être confrontés à des ajustements importants pour intégrer pleinement l'IA dans la création et la gestion d'entreprises.

En fin de compte, l'idée de Suleyman incite à réfléchir sur l'évolution rapide de l'IA et sur la manière dont elle pourrait redéfinir les normes de l'intelligence. Cependant, elle soulève également des préoccupations légitimes quant aux ramifications pratiques, nécessitant une réflexion approfondie et des débats éthiques continus pour guider le développement responsable de l'IA dans le futur.

Source : Mustafa Suleyman lors de la réunion du Forum économique mondial à Davos

Et vous ?

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Une IA peut-elle devenir son propre PDG après avoir créé une entreprise ?

Voir aussi :

L'IA devrait être reconnue comme un inventeur dans le droit des brevets, selon des experts

« Seules les personnes physiques peuvent être reconnues comme inventeurs et non les intelligences artificielles », d'après un juge US, opposé à la mention d'une IA comme inventeur sur un brevet

La Cour d'appel britannique déclare qu'une IA ne peut pas être répertorié comme inventeur de brevet, estimant « qu'un brevet est un droit statutaire et il ne peut être accordé qu'à une personne »

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Avatar de vanquish
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 21/01/2024 à 20:19
Et s'il y a des malversations on met l'IA en prison ?
4  0 
Avatar de
https://www.developpez.com
Le 22/01/2024 à 9:54
même chez des tronches comme "Mustafa Suleyman".

Ce sont des gens dangereux, c'est à ce demander si ils ne veulent pas enfermer l'humanité dans une réalité purement factice, esclave de leurs chimères.
3  0 
Avatar de sylsau
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 22/01/2024 à 8:46
Et dire que certains pensaient que le film Terminator allait trop loin dans l'anticipation ...
1  0 
Avatar de Christian_B
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 24/01/2024 à 15:00
Citation Envoyé par vanquish Voir le message
Et s'il y a des malversations on met l'IA en prison ?
En fait dans une fiction où les âneries comme celles cités (avec un sérieux plutôt complaisant je trouve) par l'article seraient prises au sérieux, il y aurait quantité de questions légales comme celle-ci à traiter :
- Nationalité des IA
- Protection des IA contre la discrimination, la calomnie, etc
- Responsabilité des IA en cas de coups et blessures, virtuels (voire réels avec des robots, des portes automatiques, etc) contre des humains, des animaux, d'autres IA, des extra-terrestres etc.
- Plus généralement adaptation de toutes les autres loi civiles ou pénales. Va y avoir du boulot. Exemple : litiges de voisinage si elles achètent des terrains ;etc.


Un humoriste de la SF devrait s'emparer du sujet si cela n'a pas été fait.
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