
Que des observateurs commentent en soulignant que les personnes intelligentes se montrent prudentes face à la hype
Une enquête gouvernementale montre que le Japon est à la traîne dans l'utilisation de l'intelligence artificielle générative. Elle montre que moins de personnes et d'entreprises dans le pays utilisent cette technologie par rapport à d'autres grandes économies comme la Chine qui est le pays qui adopte le plus cette technologie ou encore les USA. La donne actuelle au Japon n’est pas surprenante pour certains observateurs qui sont d’avis que l’intelligence artificielle c’est 90 % de marketing et 10 % de réalité.
Selon l'enquête, seuls 26,7 % des Japonais ont déjà utilisé l'intelligence artificielle générative. Bien que ce taux ait presque triplé par rapport à l'année dernière (9,1 %), il reste bien inférieur à celui d'autres pays, comme la Chine (81,2 %), les États-Unis (68,8 %) et l'Allemagne (59,2 %).
Le vieillissement de la population japonaise est l’une des causes évidentes de cet état de choses, mais même en se concentrant uniquement sur les personnes âgées d'une vingtaine d'années, le taux n'est encore que de 44,7 %, et l'utilisation par les entreprises n'est que légèrement plus élevée, à 49,7 %. Il est en sus intéressant de noter que l'utilisation de l'intelligence artificielle par les trentenaires au Japon est légèrement inférieure à celle des quadragénaires, avec respectivement 23,8 et 29,6 %.
Les Japonais préfèrent-ils se fier beaucoup plus à leur esprit critique qu’à l’intelligence artificielle ?
Une étude récente menée par des chercheurs de Microsoft et de l’Université Carnegie Mellon a révélé que l’utilisation croissante de l’IA générative au travail peut entraîner une diminution de la pensée critique chez les employés. Les participants à l’étude, composés de 319 travailleurs du savoir, ont rapporté 936 exemples d’utilisation de l’IA générative dans leurs tâches professionnelles. Les résultats indiquent que plus les travailleurs ont confiance dans la capacité de l’IA à accomplir une tâche, moins ils font preuve de pensée critique.
Cette dépendance accrue à l’IA pourrait entraîner une « atrophie » des facultés cognitives, laissant les individus moins préparés à gérer des situations exceptionnelles ou complexes. Les chercheurs soulignent que cette tendance est préoccupante, car elle peut réduire l’engagement critique, en particulier dans les tâches routinières ou de faible importance, où les utilisateurs se contentent de s’appuyer sur l’IA sans évaluer activement ses contributions.
Un autre rapport met en garde : déléguer trop notre faculté de raisonnement peut « poser un vrai problème cognitif, avec le risque d’atrophie des zones de notre cerveau dédiées à la prise de décision ». Dans le contexte du développement logiciel, il est vrai qu’un outil comme GitHub Copilot peut rendre la programmation plus rapide à court terme, mais cela alimente la crainte d’un appauvrissement des compétences techniques. Les auteurs du rapport soulignent ainsi « qu'alors que l’un des usages les plus courants des IA génératives s’est porté sur la programmation, […] l’IA, en facilitant certaines tâches, peut involontairement engendrer une dépendance et une baisse de maîtrise des fondamentaux ». En pratique, un jeune développeur qui copie-colle les propositions d’une IA sans compréhension risque de manquer les concepts essentiels du code, un peu comme un élève qui utilise une calculatrice sans jamais apprendre les tables de multiplication.
Comme pour illustrer ce phénomène, Namanyay, un professionnel de l'informatique, estime que « l'IA est en train de créer une génération de programmeurs illettrés » après avoir partagé son ressenti sur sa propre utilisation de l'IA lorsque Cursor est tombé en panne.
En milieu professionnel, le recours à l’IA peut s’apparenter à une perte de savoir-faire. Le guide LaborIA sur l’IA au travail note que si l’automatisation est pensée uniquement pour la productivité, « l’automatisation partielle du travail conduit à une désactivation du savoir-faire cœur de métier pour les salariés ». Autrement dit, le salarié finit par superviser l’IA au lieu de mettre en œuvre lui-même son expertise. Cette situation entraîne un « désengagement sensoriel » et une « réduction de la flexibilité cognitive » : en laissant l’outil décider des détails techniques, on n’exerce plus son propre sens critique ni ses compétences pratiques. Au final, l’IA devient une béquille qui fait atrophier la réflexion active et l’apprentissage de nouveaux savoir-faire chez ceux qui s’y reposent sans recul.
Grosso modo, les chercheurs mettent en garde contre une confiance aveugle dans les outils d'intelligence artificielle
Dans une étude publiée en 2024, des chercheurs de l'université de Princeton suggèrent que l'IA pourrait nuire à l'avenir de la recherche scientifique et limiter l'esprit critique. L'équipe affirme que l'engouement pour l'IA conduit à des recherches erronées qui suscitent un engouement encore plus grand.
Les chercheurs ne comprennent pas toujours comment l'IA obtient ses résultats, mais les publient sans une évaluation approfondie, ce qui participe au battage médiatique sur l'IA. L'équipe dénonce la façon dont certains scientifiques utilisent aujourd'hui l'IA générative dans le cadre de leurs recherches.
Par ailleurs, la question de l'impact de l'IA dans un secteur comme l'éducation revient désormais en boucle. Selon des experts du secteur de l'éducation, l'IA générative a un impact négatif sur les capacités cognitives des étudiants, en faisant tout le travail à leur place. Ils ajoutent que l'IA encourage la tricherie.
Le responsable en ingénierie de développement de JumboCode déclare : « l'intelligence artificielle est un obstacle à l’apprentissage du développement Web ». Cette déclaration intervient après des propos selon lesquels cet apprentissage est même inutile compte tenu de l’accès aux outils d'IA.
Source : Enquête
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